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Tensions

Européennes 2024 : écolos et insoumis toujours en désaccord

Elections européennes 2024 dossier
Après les polémiques sur l’invitation du rappeur Médine à leurs universités d’été respectives, écologistes et insoumis ouvrent encore une fois les hostilités quant à leurs stratégies divergentes sur le scrutin du 9 juin.
La secrétaire nationale d'EE-LV, Marine Tondelier, à Strasbourg, le 7 octobre 2022. (Abdesslam Mirdass/Hans Lucas pour Libération)
par Eléna Roney
publié le 21 août 2023 à 18h54

La pause estivale ne les a pas calmés. Les vacances ne sont pas encore terminées, et pourtant, les numéros 1 des partis qui composent la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) chauffent déjà l’ambiance avant les rentrées de chacun, prévues en fin de semaine. Toujours pressée par La France insoumise d’accepter une liste unique aux européennes malgré ses refus répétés, Marine Tondelier a réclamé ce lundi 21 août dans le Parisien «de la coopération plutôt que de la […] brutalisation dans [les] rapports» entre écologistes, insoumis, socialistes et communistes.

La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-les Verts répond ainsi à Jean-Luc Mélenchon qui l’accuse de vouloir défendre sa «marque» plutôt que de jouer l’union. «Ce qu’il fait semblant de ne pas comprendre, c’est que c’est avant tout une vision de l’Europe que nous défendons : une Europe forte et fédérale, qui mette la justice environnementale et la justice sociale au cœur de ses politiques, avance l’élue d’opposition à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Vouloir résumer ce scrutin à une question d’alliances politiciennes est d’ailleurs un symptôme de manque de respect et de considération pour les enjeux européens et leurs conséquences sur notre avenir.» Tondelier donne ainsi «rendez-vous en septembre 2024 pour lancer avec toutes celles et ceux qui se souhaiteront, de travail en vue de 2027».

«Comment construire une relation dans ces conditions ?»

«Cela n’a aucun sens, lui a répondu la présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen, l’insoumise Manon Aubry. Quand on commence une histoire ensemble, on ne se dit pas : “Prochain rendez-vous l’année prochaine”. Comment construire une relation dans ces conditions ?» Cheffe de file de LFI en 2019, l’ancienne porte-parole d’Oxfam France a réinsisté : «Je mène avec Marie Toussaint [la tête de liste désignée par EE-LV pour le scrutin du 9 juin, ndlr] des combats quotidiens : pourquoi les nier en partant séparés ?» Le coordinateur de LFI, Manuel Bompard a fait preuve de moins de finesse : «Il est vrai que nous exclure sans ménagement des listes aux élections sénatoriales est très coopératif et pas du tout brutalisant», a-t-il envoyé à Tondelier sur X (anciennement Twitter).

Dans une interview à Libération, Bompard a répété vouloir «l’union», dénonçant le «double langage» des socialistes, écologistes et communistes qui selon lui prononcent «des discours unitaires mais [ont] des actes qui ne le sont pas.» «L’acte II de la Nupes est bloqué par le refus de nos partenaires d’avancer, a-t-il fustigé. La question est de savoir si chacun des partenaires veut encore une victoire populaire collective, ou faire de la figuration pour le compte de son étiquette. Pour les insoumis, la réponse est claire.»

Une fin de semaine bien animée

Des tensions au sein de l’alliance de gauche se font sentir depuis plusieurs mois et l’été n’y a rien changé. Jeudi 17 août, Jean-Luc Mélenchon a réouvert les hostilités contre Olivier Faure. En réponse à un message sur X où le premier secrétaire du PS appelait «la gauche et [les] écologistes [à] ne pas tomber dans la spirale mortifère de la division», le leader insoumis a dénoncé lui aussi un «incorrigible double langage». «Cher JLM, j’ai toujours le même tél et t’ai récemment envoyé un message t’invitant à échanger. On se voit si tu veux, a riposté Faure. On peut ne pas partager les mêmes analyses sans avoir besoin de s’invectiver sur Twitter, pour le plus grand plaisir de la droite et le désespoir de la gauche.» Dernier message de Mélenchon : «Je ne t’invective pas, au contraire de tes amis qui nous ont expulsés des listes aux sénatoriales et se préparent à en faire autant aux européennes et aux municipales.»

La fin de semaine, qui verra les insoumis se réunir pour leur rentrée près de Valence mercredi, avant les universités d’été des écologistes au Havre, des socialistes à Blois et des communistes à Strasbourg, risque d’être bien animée. Tout comme le séminaire de rentrée des députés Nupes, le 18 septembre à Ivry (Val-de-Marne).