La Nupes est morte, vive la Nupes ? Alors qu’il avait été laissé sur le bas-côté au moment de la création de l’accord électoral en mai 2022, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) de Philippe Poutou et Olivier Besancenot pourrait finalement recomposer une nouvelle union avec La France insoumise (LFI). Après «une première rencontre» entre les deux formations en décembre, le conseil politique national du NPA a publié jeudi 4 janvier au soir une lettre ouverte destinée «aux camarades» insoumis.
La direction de la formation d’extrême gauche y fait part de sa volonté de trouver «dès maintenant» un accord avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon en vue des élections européennes du 9 juin, pour «construire un mouvement de résistance massif, populaire», afin de lutter contre «l’offensive de l’extrême droite et des classes dominantes». Le NPA se dit «prêt à défendre ce programme avec vous [LFI, ndlr] dans les prochaines élections, malgré les désaccords que nous avons […] si nous arrivons, dans les jours qui viennent, à nous mettre d’accord sur la place que le NPA pourrait prendre sur la liste et dans une campagne commune».
Organisation scindée en deux
Fidèle à sa ligne unioniste, la direction du NPA avait déjà invité en octobre les insoumis et les autres «courants antilibéraux ou anticapitalistes» à faire campagne commune. Aujourd’hui, alors que la Nupes semble avoir définitivement perdu le soutien du Parti socialiste, le NPA avance que «le programme de la Nupes représente pour nous une avancée par rapport aux politiques menées par la gauche sociale-libérale de Hollande».
Analyse
Le NPA avait connu une énième scission entre trotskistes après avoir explosé lors de son congrès de Saint-Denis en décembre 2022. L’organisation s’était retrouvée scindée en deux, entre une direction favorable à un rapprochement avec LFI et une aile plus orthodoxe, notamment représentée par la fraction «L’Étincelle», plus proche de Révolution permanente, qui refuse toute alliance avec les partis qu’elle juge «réformistes». Marginalisé, le parti avait ensuite naturellement participé à la mobilisation contre la réforme des retraites, Philippe Poutou estimant notamment dans Libération qu’il fallait «reconstruire une gauche radicale».
Une issue au refus répété des partenaires de LFI
Le parti – 0,76 % au premier tour de l’élection présidentielle 2022 – espère ainsi trouver dans l’alliance avec les insoumis une façon de relancer la dynamique de l’extrême gauche en France, alors que Lutte ouvrière (0,56 % en 2022) pourrait faire entre 1,5 % et 2,5 % aux européennes, selon les derniers sondages publiés en décembre.
Côté LFI, personne ne s’est pour le moment prononcé publiquement sur une éventuelle union. Officiellement toujours accrochée à l’idéal d’une liste unie de la gauche avec les socialistes, les écologistes et les communistes, la formation fondée par Mélenchon en 2016 pourrait ainsi trouver avec le NPA une issue au refus répété de ses anciens partenaires. Si elle doit formellement commencer en mars, les insoumis retardent le plus possible le lancement de leur campagne, s’apprêtant à organiser un «appel à candidature pour les européennes» en janvier. Comme en 2019, l’eurodéputée Manon Aubry devrait reprendre la tête de liste.
Mise à jour le 8 janvier 2024 à 11h30 : avec précision sur le congrès de décembre 2022 et la nature du lien de Révolution permanente avec l’aile qui refuse l’alliance avec LFI.