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Européennes 2024 : que disent les programmes sur les institutions et l’élargissement de l’UE ?

Défense, immigration, économie, écologie… A l’approche du scrutin du 9 juin, «Libé» a épluché les programmes des huit principales listes en lice. Dans cet épisode, focus sur les institutions de l’Union européenne.
Devant le bâtiment du Parlement européen, à Strasbourg, le 29 mai. (Frederik Florin/AFP)
par Lisa Boudoussier
publié le 1er juin 2024 à 7h06

Faut-il accorder plus ou moins de compétences pour l’Union ? Envisager ou rejeter l’idée d’une défense européenne ? Favoriser ou refuser l’élargissement à de nouveaux Etats-membres, notamment l’Ukraine ? A quelques jours des élections européennes, Libération fait le point sur les propositions des principales listes concernant les institutions de l’UE.

Parti communiste français

Léon Deffontaines

Jugeant l’UE structurellement «austéritaire», le PCF souhaite la voir «se concentrer sur les sujets d’intérêt européen» et rendre largement la main aux Etats pour les autres. Les communistes appellent ainsi «à garantir la primauté de la Constitution française, et celles des autres Etats membres, sur le droit européen». Ils souhaitent aussi «déroger aux règles des traités et aux directives européennes qui vont à l’encontre des intérêts démocratiques, sociaux et économiques du peuple de France». Le parti veut également renforcer les Parlements nationaux par rapport au Parlement européen, en leur donnant un rôle dans la procédure législative communautaire. Pour éviter tout dumping social et une dilution du poids des Etats, le PCF s’oppose également à un nouvel élargissement de l’UE à plusieurs pays d’Europe de l’est.

La France insoumise

Manon Aubry

«Faire respecter la souveraineté populaire en Europe», c’est le principal objectif affiché par le mouvement insoumis pour les élections européennes. Dans ce cadre, et bien que le sujet relève principalement des Etats membres, LFI souhaite réviser les traités fondant l’UE pour rendre celle-ci plus «démocratique» et abandonner les «règles d’austérité». Les insoumis veulent également relativiser le pouvoir de la Commission européenne, en simplifiant la procédure de sa censure par le Parlement européen et en donnant à ce dernier un pouvoir d’initiative sur les projets législatifs, qu’il ne possède pas à ce jour. Pour mieux contrôler les lobbies, le parti mélenchoniste propose d’«interdire les rémunérations annexes des députés et responsables européens susceptibles de créer des conflits d’intérêts, tout comme les cadeaux et voyages offerts». LFI refuse enfin tout nouvel élargissement de l’UE, «notamment à l’Ukraine, tant qu’une harmonisation écologique, sociale, fiscale et des droits humains n’a pas été menée».

Les Ecologistes

Marie Toussaint

Contrairement aux partis les plus à gauche de l’ex-Nupes, les écolos continuent de revendiquer leur fédéralisme européen. La liste de Marie Toussaint rêve d’une «assemblée constituante européenne» chargée de réviser les traités et de soumettre à référendum le projet d’une «union fiscale, d’une politique économique coordonnée, d’une démocratie européenne véritable et d’une diplomatie, sécurité et défense communes». Le droit de veto des Etats membres serait supprimé, le Parlement doté du droit d’initiative en matière législative, et la Commission érigée en véritable gouvernement de l’Europe. Les écologistes, enfin, n’écartent pas l’entrée de nouveaux Etats-membres, notamment de l’Ukraine.

PS-Place publique

Raphaël Glucksmann

Favorable à un «saut fédéraliste» de l’UE, la tête de liste PS-Place publique veut donner au Parlement européen un véritable pouvoir d’initiative législative, alors qu’à ce jour c’est pour l’essentiel la Commission européenne qui peut soumettre un texte à l’examen. Concernant les Etats, Glucksmann souhaite le passage au vote à la majorité qualifiée pour l’ensemble des sujets qu’ils examinent dans le cadre du Conseil européen. Alors que la politique étrangère, la fiscalité, la politique sociale ou encore les questions budgétaires sont aujourd’hui soumises à la règle de l’unanimité. Pour lutter contre l’influence des intérêts privés et étrangers, le candidat veut créer une agence et une haute autorité dotées d’un pouvoir d’investigation et de sanction. Il défend enfin l’élargissement de l’UE, notamment à l’Ukraine.

Renaissance

Valérie Hayer

Comme Emmanuel Macron, dont elle porte les couleurs dans ce scrutin, la candidate de Renaissance est favorable à un approfondissement de la construction européenne. Elle propose elle aussi de donner au Parlement européen un droit d’initiative en matière législative et de diminuer le nombre de sujets sur lesquels les Etats décident à l’unanimité dans le cadre du Conseil européen, par exemple sur les sanctions liées au non-respect de l’Etat de droit ou la fiscalité. Elle souhaite aussi l’instauration, pour les prochaines élections européennes, de listes transnationales, communes à plusieurs pays. Pas opposée sur le principe à une adhésion de l’Ukraine, Valérie Hayer la conditionne à une réforme du fonctionnement de l’UE, pour y rendre plus efficace le processus de décision entre Etats.

Les Républicains

François-Xavier Bellamy

Du côté de LR, la philosophie générale est que l’Europe doit «se concentrer sur l’essentiel», en opposition à l’idée d’une «Europe fédérale […] qui conduit à la perte de la souveraineté française». Le parti de droite souhaite affirmer la supériorité de la constitution française sur les normes européennes et permettre à «un tiers des parlements nationaux des Etats membres» de bloquer un projet de la Commission qui ne respecterait pas le champ des compétences de l’UE. Par le passé, le parti a soutenu l’idée que, dans certains domaines, les lois nationales soient supérieures au droit communautaire. Son programme affirme enfin que l’UE «ne peut clairement pas assumer aujourd’hui de nouveaux élargissements», notamment à l’Ukraine.

Rassemblement national

Jordan Bardella

Sans aller, comme autrefois, à proposer que la France sorte de l’UE, la liste du Rassemblement national défend un franc souverainiste. Son programme veut donner aux Etats l’exclusivité de l’initiative législative, et garantir leur droit de veto au sein du Conseil européen. La Commission, transformée en simple «secrétariat général», verrait ses compétences nettement rabotées. Le RN veut également baisser la contribution française nette (différence entre les sommes versées et reçues) au budget de l’Union. Il s’oppose aussi à «l’émission de dettes et la création d’impôts par Bruxelles» et à toute délégation de compétence en matière de diplomatie et de défense. Le parti d’extrême droite s’oppose enfin à tout nouvel élargissement de l’UE.

Reconquête

Marion Maréchal

Contre «la montée du technocratisme» en Europe, la liste zemmouriste propose de supprimer la Commission à Bruxelles considérée comme le pouvoir exécutif de l’Europe. Reconquête souhaite également confier aux Etats l’exclusivité du droit d’initiative législative, consacrer la supériorité de tout le droit national sur le droit européen, diminuer de 20 % la contribution de la France au budget communautaire et refuser tout nouvel élargissement de l’Union.