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La défense est un sujet délicat à aborder au niveau européen, car il continue de relever pour une très large part de la souveraineté des Etats. Mais le retour de la guerre en Europe a rebattu les cartes. Plus de deux ans après le début de l’invasion russe en Ukraine, les candidats aux élections européennes s’accordent sur la nécessité de soutenir les Ukrainiens. Mais ils divergent sur l’ampleur de ce soutien, ses modalités et sur l’opportunité de confier à l’UE de plus larges compétences en matière de défense. Libération résume les positions des principales listes sur ce sujet. Entre aides financières, envois d’armes ou encore création d’une armée européenne, chaque liste défend une position particulière.
Renaissance
Valérie Hayer
«Le destin de l’Europe est lié à celui de l’Ukraine», a déclaré la tête de liste Renaissance Valérie Hayer lors de sa visite à Kyiv en mars. Sans évoquer comme Emmanuel Macron un possible envoi de troupes françaises en Ukraine, la candidate prône, comme lui, un soutien financier, matériel et logistique à l’Ukraine. Elle a aussi repris l’idée d’une armée européenne et veut encourager le réarmement des Etats, avec un investissement à hauteur de 100 milliards d’euros pour le réarmement de l’Europe, porté notamment par la Banque européenne d’investissement. Elle souhaite voir les Etats membres porter leurs budgets de défense à 2 % au moins de leur PIB d’ici à 2025, puis 3 % d’ici à 2030. Elle a également appuyé la proposition controversée d’Emmanuel Macron d’ouvrir le débat sur un partage de la dissuasion nucléaire française avec ses partenaires européens.
Les Républicains
François-Xavier Bellamy
Le candidat de droite veut lui aussi voir l’Europe «se réarmer» et souhaite que chaque Etat membre de l’UE consacre au moins 3 % de son PIB à la défense chaque année. Il propose aussi de tripler le budget du Fonds européen de défense et d’orienter ses achats vers la production européenne. Partisan d’un soutien «massif» à l’Ukraine, il exige que la France tienne et augmente ses engagements en matière d’aide militaire. Pour réduire la dépendance envers l’allié américain, Bellamy propose de «donner des moyens à l’état-major de l’Union européenne pour conduire des opérations militaires, et créer un véritable “pilier européen”» au sein de l’Otan.
PS-Place publique
Raphaël Glucksmann
Le candidat PS-Place publique fait du soutien à Kyiv une priorité de sa campagne. Il souhaite la saisie de 206 milliards d’euros d’avoirs russes gelés pour les affecter à l’Ukraine, une mesure que l’UE a déjà commencé d’appliquer. «Nous ferons pression sur les Etats membres pour qu’ils fournissent les armes demandées par les Ukrainiens et renforcent les sanctions contre le régime russe», promet aussi Glucksmann. La tête de liste veut aussi «donner à l’Europe les moyens de se défendre», notamment avec un fonds de 100 milliards d’euros à investir dans les industries de défense.
Les Ecologistes
Marie Toussaint
Fédéralistes revendiqués, Les Ecologistes plaident pour la constitution d’une armée européenne, mais aussi pour une diplomatie, une politique de sécurité et une défense communes à l’échelle de l’UE. Cela passerait notamment par la création d’un poste de commissaire à la défense et par l’abolition de la clause d’unanimité des Etats pour les décisions prises en matière de politique étrangère et de sécurité commune. Les Verts souhaitent en outre produire davantage d’armes en Europe «pour ne pas s’exposer à de nouvelles dépendances toxiques» et soutenir «l’achat en commun des principaux systèmes d’armement». Vis-à-vis de l’Ukraine, les Ecologistes veulent renforcer le soutien diplomatique, financier et militaire à Kyiv et renforcer les sanctions contre la Russie. Ils soutiennent enfin un désarmement nucléaire.
La France insoumise
Manon Aubry
La liste de LFI souhaite «poursuivre le soutien à l’Ukraine», tout en créant «un cadre diplomatique permettant d’obtenir un cessez-le-feu, le retrait des troupes russes, et l’ouverture de négociations pour une paix durable». Les insoumis refusent que la défense européenne soit «arrimée à l’Otan», ce qui servirait les intérêts des Etats-Unis, et souhaitent plutôt s’appuyer sur la clause de défense mutuelle entre les Etats membres de l’Union européenne. Contrairement aux Ecologistes, ils veulent conserver la règle de l’unanimité au Conseil européen pour les questions de politique étrangère et de défense. Ils soutiennent enfin un «protectionnisme industriel militaire» en faveur des entreprises européennes.
Parti communiste français
Léon Deffontaines
Le candidat du PCF est favorable à l’envoi d’armes en Ukraine, estimant par ailleurs qu’il n’y a «pas de solution militaire» et qu’il faut «agir en faveur d’un cessez-le-feu». En matière de défense européenne, il plaide pour «l’autonomie stratégique», surtout vis-à-vis de l’Otan dont il souhaite la «dissolution». S’il veut agir pour «une industrie de défense française et européenne», il s’oppose à tout projet d’armée supranationale et plaide pour un «désarmement global et multilatéral en Europe et dans le monde».
Rassemblement national
Jordan Bardella
Le président-candidat du RN soutient l’Ukraine contre la Russie, mais refuse toute escalade militaire de la France contre Moscou. Déplorant «l’état de désarmement généralisé» du continent, son programme veut d’abord réduire la dépendance aux pays tiers en ce domaine, en favorisant l’acquisition de matériels européens, quitte à instaurer une «préférence européenne» en la matière. Il exclut tout transfert de souveraineté dans le domaine militaire.
Reconquête
Marion Maréchal
Le programme de Marion Maréchal est succinct sur la question de la défense européenne. Il préconise une forme de protectionnisme européen sur l’achat d’équipements militaires et le financement des industries de défense. La candidate d’extrême droite, si elle souhaite aider l’Ukraine sur les plans logistiques, matériel et humanitaire, juge aussi que «ce n’est pas à la France de faire la guerre à sa place».