Sauvée de justesse. Avec 5,3 % des voix, selon les estimations d’Ipsos à 22 heures, Marion Maréchal réussit à donner des eurodéputés à la formation créée par Eric Zemmour en 2021, qu’elle a rejointe l’année suivante. Si le score n’est pas glorieux, et en deçà des 7,07 % de la présidentielle, la liste de Reconquête réussit là où tant d’autres partis d’extrême droite ont échoué depuis cinq décennies : exister, si modestement que ce soit, à l’ombre du lepénisme.
Maréchal se sera quand même beaucoup abîmée pendant cette longue campagne où rien ne lui aura été épargné de la part de Zemmour et ses équipes, persuadés que sa stratégie visant à épargner Bardella pour se concentrer sur Bellamy était la mauvaise. Entre messages contradictoires et offs fielleux dans la presse, deux campagnes parallèles se sont mises en place. A leur dernier meeting en commun à Nice, Maréchal et Zemmour se croisaient pour la première fois depuis plusieurs semaines et la tête de liste peinait à masquer son exaspération. Un soutien de l’ex-polémiste donnait, lui, rendez-vous à Libé lundi matin, pour régler ses comptes avec l’autre équipe.
Si cette courte victoire devrait empêcher les deux camps de s’entretuer, elle ne devrait pas non plus les inciter à partir en vacances ensemble. A Bruxelles, Maréchal sera isolée, n’ayant réussi à placer ses proches en position éligible. Elle devra aussi compter avec la présence de Sarah Knafo, la présidente officieuse du parti, dont l’ambition s’est réveillée, et avec laquelle les relations sont exécrables. Le chemin de croix n’est pas terminé.