Après plusieurs semaines de secousses internes, Génération·s a finalement tranché. Le petit parti fondé par Benoît Hamon dans la foulée de la présidentielle de 2017 a décidé, ce mardi 2 avril, d’opter pour «une stratégie d’indépendance» pour les européennes. C’est-à-dire de ne soutenir aucune liste de gauche déjà en course et de ne pas présenter la sienne. La décision a été prise au cours d’un vote interne à la «mobilisation historique» de 72 %. 59 % des votants ont choisi l’indépendance quand 39 % ont voté pour un soutien à l’un des concurrents et 5 % se sont abstenus. «Le message principal que ce vote adresse est le regret de voir les divisions l’emporter à l’occasion de cette élection», écrit, dans un communiqué, le parti, fort de quatre députés à l’Assemblée nationale, qui a défendu bec et ongles l’idée d’une liste unique étiquetée «Nupes» pour le scrutin du 9 juin prochain.
Pour cette raison, Génération·s rejette tout ralliement à une liste «à l’une ou l’autre des listes» qui lui donnerait «quitus» dans un «tel contexte de divisions» alors que les européennes auraient dû être la première étape d’un rassemblement de long terme pour les prochaines élections électorales. Un moyen, qui plus est, de conserver «sa capacité de dialogue avec l’ensemble des partenaires pour l’avenir», croit le parti. Durant les prochaines semaines, les militants G. s mèneront donc «une campagne positive» pour convaincre les électeurs de participer à un scrutin qualifié «d’essentiel» en espérant que le total des listes de gauche dépasse le score du RN. Le petit parti affirme qu’à cette occasion, il insistera davantage sur les points de convergences des différentes listes plutôt que leurs divergences. Et ce, malgré le fait que les Insoumis et les communistes multiplient les attaques contre Raphaël Glucksmann, que les socialistes critiquent LFI et que les écologistes commencent à rentrer dans la danse en dénonçant les ambiguïtés du PS notamment au sujet de la construction de l’A69 entre Toulouse et Castres.
Qu’importe, Génération·s croit toujours à l’hypothèse d’un rassemblement pour la prochaine présidentielle. «Dans la perspective de 2027, dès le lendemain des élections européennes, nous œuvrerons pour que les plaies liées à l’élection européenne se referment rapidement et que les différentes forces politiques s’accordent pour créer un cadre collectif et démocratique permettant d’assurer un débat fructueux, et la réalisation de l’unité autour d’un programme de rupture», écrivent les militants dans le communiqué cité plus haut. Presque utopique alors que Jean-Luc Mélenchon, qui dit vouloir «être remplacé», semble se diriger vers une nouvelle candidature et que les écologistes et socialistes réfléchissent désormais à une «union de la gauche» sans les insoumis.
Interview
La décision de Génération·s dévoilée ce mardi 2 avril intervient après plusieurs semaines de secousses internes. Le 23 février dernier, le petit parti de gauche avait publié un texte annonçant qu’un vote des militants a tranché à 59 % pour une alliance avec La France insoumise aux européennes. Problème, quelques heures plus tard, un autre texte du bureau exécutif partagé par le compte de la branche jeunesse du mouvement était venu contredire une tellement décision affirmant que les co-coordinateurs Arash Saiedi et Léa Filoche ont été suspendus de leur fonction pour avoir «parlé en leur nom propre avec les moyens du parti» et organisé une consultation biaisée. Certains, comme la députée Sophie Taillé-Polian, iront jusqu’à parler de «coup de force» et de «vote en dehors de toute procédure». Saiedi atterrira finalement sur la liste de la France insoumise en sixième position et le parti finira déchiré. En 2019, le scrutin européen n’avait pas été aussi explosif pour le mouvement. Génération·s avait présenté sa propre liste menée par Benoît Hamon. L’ancien candidat à la présidentielle n’avait pu faire mieux que 3,27 %. Un score insuffisant pour envoyer le moindre élu au Parlement européen.