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Libération
Prime aux sortants

Européennes : la liste de la majorité étoffée sans surprises derrière Valérie Hayer

Elections européennes 2024 dossier
Avec l’ex-journaliste Bernard Guetta, en 2e position, la Modem Marie-Pierre Védrenne, Pascal Canfin et Nathalie Loiseau (Horizons), la majorité présidentielle reconduit de nombreux sortants et soigne ses équilibres, à défaut de dégoter de nouvelles prises.
A cinq semaines des élections européennes, les macronistes ont dévoilé leurs trente premiers colistiers. (Mathieu Thomasset /Hans Lucas via AFP)
publié le 4 mai 2024 à 8h29

Elle n’est plus seule. Poussée dans le grand bain fin février, la tête de liste Renew, Valérie Hayer, voit enfin arriver le renfort. A cinq semaines des élections européennes, les macronistes ont dévoilé, vendredi soir sur X, leurs trente premiers colistiers. Pas de prise de guerre un poil paillette, une prime aux sortants avec quinze eurodéputés reconduits et un savant dosage de chaque composante de la majorité présidentielle – avec l’arrivée de nouveaux partenaires, comme l’UDI, il a fallu pousser les murs.

Pour seconder Hayer, c’est Bernard Guetta qui a été préféré à Pascal Canfin, président de la commission santé et environnement du Parlement européen. Alors que l’invasion russe de l’Ukraine plane sur la campagne, l’ancien journaliste, spécialiste des questions internationales, a été jugé plus bankable – et utile pour faire résonner les sujets de défense européenne et de partage de la dissuasion nucléaire qu’Emmanuel Macron a mis dans l’atmosphère. Transfuge EE-LV recruté en direct par le Président en 2019 et alors propulsé numéro deux de la liste Loiseau, Canfin avait, ces dernières semaines, le vent de face, handicapé par la crise agricole et la poussée d’une extrême droite climatosceptique en Europe contribuant à nourrir le backlash ambiant sur l’écologie. Défendu par une partie de son camp, notamment l’aile gauche, l’artisan du Green Deal n’est toutefois pas rétrogradé bien loin, à la quatrième place. Juste derrière Marie-Pierre Vedrenne (Modem) et devant la cheffe de file de 2019, Nathalie Loiseau, passée sous pavillon Horizons, en cinquième position. Suivent les sortants Sandro Gozi (Modem), l’ex-secrétaire d’Etat italien aux Affaires européennes, et l’ancienne maire de Strasbourg, Fabienne Keller (Renaissance), 6e et 7e.

Entorse à la règle

Les stratèges de la campagne, préposés à la constitution de la liste, ont ainsi procédé par tranches de sept noms, trois places revenant à Renaissance, deux au Modem, une à Horizons, puis un siège pour un des autres partenaires (Parti radical ou UDI qui a, cette fois, renoncé à partir en solo) ou à une figure de la société civile. Ainsi de Grégory Allione, directeur de l’Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers, placé en 8e position.

L’eurodéputée Laurence Farreng, ancienne élue de Pau, chez François Bayrou, et la secrétaire générale du groupe Modem à l’Assemblée nationale, Séverine de Compreignac, figurent sur le quota du Modem (9e et 19e). Gilles Boyer, qui parle l’Edouard Philippe première langue, porte les couleurs d’Horizons en 10e position, ainsi que l’ancienne secrétaire d’Etat Bérangère Abba (17e). Pour celle-ci, le directeur de campagne Pieyre-Alexandre Anglade, qui ne souhaitait pas investir de candidats battus aux législatives de 2022, a dû faire une entorse à la règle. Pour les nouveaux venus, l’UDI d’Hervé Marseille obtient une 11e place pour Valérie Devaux, et le président du Parti radical, Laurent Hénart, est 16e. Côté Renaissance, on retrouve notamment Jérémy Decercle (14e), ancien président des Jeunes Agriculteurs élu au Parlement européen en 2019, et Ambroise Méjean (20e), président des Jeunes avec Macron.

Sondages moroses

Tout ce petit monde doit se retrouver dès ce samedi matin au Rocher, le QG parisien de Renaissance, pour un séminaire interne. Avant de présenter le programme de la majorité présidentielle, lundi, et de monter sur la scène de la Mutualité (Paris) mardi soir, autour de Valérie Hayer. Il va effectivement falloir mettre les bouchées doubles, vu les sondages moroses : la liste Renew plafonne autour de 16-17 % des intentions de vote, talonnée par celle, PS-Place Publique, de Raphaël Glucksmann (13-14 %), quand le RN de Jordan Bardella s’envole à plus de 30 %. A ce compte, les 29 colistiers de Hayer n’ont pas tous décroché un ticket gagnant. Si, en 2019, le camp macroniste a envoyé 23 élus au Parlement européen, le contingent pourrait être plus maigrelet après le 9 juin prochain.