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Libération
Chacun sa route

Européennes : les militants socialistes valident le scénario d’une liste autonome

Invités à se prononcer sur la stratégie du PS pour les prochaines Européennes, les militants ont approuvé à une très large majorité l’hypothèse d’une liste autonome.
Olivier Faure aux universités d'été du PS à Blois, le 26 août 2023. (Alexandre Bre/Hans Lucas via AFP)
publié le 6 octobre 2023 à 7h21

Cette fois c’est sûr, le Parti socialiste partira seul aux Européennes. Invités à se prononcer dans leurs sections, les militants roses ont approuvé le scénario d’une liste autonome étiquetée PS pour le scrutin de juin prochain. «Le jeudi 5 octobre, à 23 h 30, sur plus de 60 % des bulletins dépouillés, les deux textes sont adoptés à plus de 90 % des voix», a indiqué le PS dans un communiqué transmis à l’AFP.

Dans le même temps, les adhérents du parti ont validé le programme baptisé «faire basculer l’Europe : du néolibéralisme vers le socialisme écologique» concocté depuis plusieurs mois en interne. Les résultats de ces deux votes seront définitivement entérinés le 14 octobre prochain, date de la réunion conclusive de la convention nationale Europe du parti.

Glucksmann, un LFI-sceptique en tête de liste ?

«La liste que nous construirons s’inscrira dans la démarche collective de la famille socialiste et sociale-démocrate européenne du PSE [Parti socialiste européen]. En apportant un plus grand nombre d’élus français au groupe socialiste et social-démocrate, elle contribuera à en faire le premier groupe du Parlement européen», défend le Parti socialiste dans son texte. La liste en question sera dévoilée bien plus tard, précise-t-on du côté de la direction du PS. Comme en 2019, elle pourrait être menée par Raphaël Glucksmann. L’eurodéputé du parti Place publique a fait acte de candidature le 13 septembre dernier et tendu la main aux socialistes pour repartir en tandem.

Chez les roses, l’hypothèse «Glucksmann tête de liste» a la cote. Car, s’il n’est pas membre du parti – ce qui pose problème pour certains – l’essayiste possède une notoriété importante. Un exploit pour un député européen. Seul hic toutefois, aux yeux des plus pro-Nupes du PS : l’hostilité de l’élu vis-à-vis de la France insoumise, notamment sur les questions internationales. «On peut mener des combats au Parlement européen ensemble sur les questions écologiques et sociales mais on n’a pas une vision suffisamment proche pour mener une liste commune», a déclaré l’intéressé jeudi soir sur le plateau de Quotidien, en réponse aux critiques des Insoumis sur la désunion.

«Ça peut tendre la campagne alors que nous aimerions une campagne paisible entre les listes de gauche», appréhendait auprès de Libé un membre de la direction socialiste à la rentrée. Le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard, confirme : «Dès qu’il peut nous taper dessus, il le fait ! On l’a encore vu la semaine dernière dans une réunion publique à Marseille. Donc qu’on ne nous parle pas de non-agression.»

Le vote des militants socialistes enterre l’hypothèse – déjà hautement improbable – d’une liste unique étiquetée Nupes aux Européennes. Il y a quelques mois encore, les dirigeants roses se disaient ouverts à la discussion avec leurs partenaires de la gauche, pour voir si les différents projets comportaient suffisamment de convergences pour aboutir à une alliance. «Mais nous constatons que la décision des écologistes et des communistes de partir sous leurs propres couleurs aux élections européennes n’a pas permis d’étudier les conditions nécessaires à une liste commune», souligne aujourd’hui le PS dans son texte stratégique.

«Rassemblement de la gauche et de l’écologie»

Lundi, devant l’insistance des insoumis et des jeunes de la Nupes particulièrement investis pour tenter de rassembler tout le monde sous la même bannière, Olivier Faure a acté, dans un courrier, la fin des discussions concernant les européennes. «Nous ne voulons pas prolonger le feuilleton de la liste commune qui a pour seul résultat de décourager par nos querelles publiques, celles et ceux qui continuent d’espérer avec la gauche», a tranché le Premier secrétaire.

Mais la direction socialiste s’échine à insister, «autonomie aux Européennes» ne veut pas dire «fin de la Nupes». Officiellement, la tête du PS plaide toujours pour une candidature unique de toute la gauche à la présidentielle de 2027 malgré la désunion en juin prochain. Alors, pour donner des gages à leurs partenaires, les roses ont décidé d’inscrire noir sur blanc dans leur texte d’orientation leur «plein engagement dans la stratégie de rassemblement de la gauche et de l’écologie». Et de développer, mi-incantatoire, mi-illusoire : «Nous devons créer les conditions d’un programme commun et de candidatures de rassemblement aux municipales, à la présidentielle et aux législatives en remettant le Parti socialiste au cœur de la gauche.» Des «conditions» qui, au vu de l’état actuel de la gauche, et du PS, relèveraient du miracle.