Réformer pour vite oublier la déroute des régionales ? A moins d’un an, de la fin du quinquennat et après un an et demi de ralentissement à cause de la crise sanitaire, Emmanuel Macron semble bien décidé à reprendre le train des réformes économiques. Pour la porte-parole d’EE-LV, Eva Sas, l’urgence n’est pas là.
D’une manière générale, comme les écologistes ont tendance à dire qu’il faut changer de modèle global, on vous entend assez peu sur les sujets d’actualité économique…
On nous tend surtout peu le micro. Mais effectivement, on a à gagner en audience sur nos propositions économiques, car nous en avons. On a par exemple proposé un plan de sortie de crise, notamment articulé autour d’un grand plan d’investissement sur la transition écologique de l’ordre de 50 milliards d’euros par an sur cinq ans. On a aussi besoin de mesures sociales. Ce n’est surtout pas le moment d’affaiblir la protection sociale des Français. Nous voulons revaloriser et étendre le RSA aux 18-25 ans, et prendre des mesures de pouvoir d’achat pour tous comme la baisse de la TVA sur les billets de train, la rénovation thermique qui fait gagner de l’argent à tous les ménages sur les dépenses énergétiques, etc.
A lire aussi
Pourtant, le gouvernement refuse d’envisager un second plan de relance et met plutôt l’accent sur la rigueur budgétaire…
Ce n’est surtout pas le moment pour l’Etat de désinvestir. Au contraire, il faut plutôt assurer la protection sociale des ménages et continuer de soutenir les entreprises grâce aux investissements et aux co-investissements. Il y a aussi un effort à faire en termes de mobilisation de l’épargne des ménages, qui a beaucoup augmenté pendant la crise sanitaire. Pour nous, il faudrait surtout un plan de résilience pour pérenniser certaines mesures, notamment sur la transition écologique qui est très pourvoyeuse d’emplois. Encore une fois, ce n’est vraiment pas le moment d’arrêter de soutenir les entreprises et encore moins les ménages. Or je crains qu’au vu des annonces faites sur l’assurance chômage ou sur la réforme des retraites, ce soit bien ce qui s’annonce.
Justement, la semaine dernière, le Conseil d’Etat a retoqué le projet de réforme du gouvernement sur l’assurance chômage. C’est une bonne chose pour vous ?
Oui ! Ce n’est pas le moment de lancer une réforme de l’assurance chômage qui amoindrirait les droits des demandeurs d’emploi. On est dans un contexte de sortie de crise qui est surtout marqué par l’incertitude. Certes, il y a une reprise mais on n’a aucune certitude sur le fait que le marché du travail va s’améliorer. C’est, une fois de plus, un prétexte du gouvernement pour faire des économies, mais la reprise n’est pas encore suffisante. Réduire les droits aux allocations des demandeurs d’emploi serait une grave erreur !
Le gouvernement pourrait également accélérer sur sa réforme des retraites…
C’est une réforme idéologique, inutile et injuste. Inutile parce que le Conseil d’orientation des retraites vient de publier son bilan 2020 où le déficit chiffré à 10 milliards est moins important que prévu. Et, surtout, les projections montrent qu’à horizon 2070, le système sera équilibré sans modification de la structure légale et que le poids des retraites dans le PIB sera passé de 14,7 % à 11,3 %. Donc il n’y a pas de besoin de faire une réforme des retraites. Ensuite, la mesure qui est proposée est des plus injustes. Reporter l’âge de la retraite, c’est pénaliser ceux qui ont commencé à travailler jeune et qui devront cotiser plus longtemps pour avoir les mêmes droits que les autres. Porter l’âge légal à 64 ans, c’est extrêmement pénalisant pour les ouvriers et les travailleurs de la deuxième ligne, qu’on a pourtant applaudis pendant la crise. C’est de l’hypocrisie et la pire mesure qui puisse être prise.