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Libération
Il marche seul

Adrien Quatennens de retour à l’Assemblée nationale après son éviction temporaire du groupe LFI

Désormais non inscrit, le député du Nord, condamné en décembre pour violences conjugales, a siégé à la commission des affaires étrangères dans la matinée, mercredi 11 janvier.
Adrien Quatennens à l'Assemblée nationale. (Alain Jocard/AFP)
publié le 11 janvier 2023 à 11h42

Ce n’est pas une surprise même si cela surprend quand même. Le député LFI Adrien Quatennens, exclu mi-décembre pour quatre mois de son groupe parlementaire après avoir été condamné pour violences conjugales, est revenu ce mercredi à l’Assemblée nationale. Déposé par un taxi devant le Palais Bourbon peu avant 11 heures, l’élu désormais non inscrit, a rejoint dans la foulée la commission des affaires étrangères, dans laquelle il siégeait pour la première fois depuis le début de l’affaire, en septembre.

«J’exerce mon travail parlementaire, a-t-il déclaré à la sortie du bâtiment de la commission, devant un mur de caméras. J’applique et respecte la décision prise par mon groupe politique.» «Il paraît qu’il y a beaucoup de journalistes dehors», lui avait soufflé quelques minutes avant un fonctionnaire de l’Assemblée, lui proposant une sortie par une porte plus discrète. A LFI, peu nombreux sont les députés à vouloir réagir à son retour. «Il est non inscrit, no comment», balaie la députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain. Aux Quatres-Colonnes, les rares députés LFI présents dans la matinée préféraient également passer en coup de vent, sans répondre aux questions.

Les insoumis en colère, la majorité saute sur l’occasion

Son retour annoncé – un choix personnel en dépit de la décision politique de son parti – provoque une crise interne dans le mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon. Depuis le verdict du procès et la décision de LFI, la colère gronde dans les rangs insoumis et les communiqués de groupes d’actions pleuvent sur les réseaux sociaux, pour dire leur refus de voir Adrien Quatennens retourner à l’Assemblée et dénoncer le fonctionnement du mouvement.

Plusieurs représentants de la majorité, qui avait un temps gardé dans ses rangs Benoît Simian, condamné pour violences conjugales, n’ont pas tardé à commenter son retour. En pleine commission des affaires étrangères, le député Renaissance Sylvain Maillard a mis les pieds dans le plat. «Nous n’acceptons pas cette situation», a dénoncé l’élu de Paris, pointant un «retour en catimini». Peu avant, la présidente du groupe Renaissance Aurore Bergé avait dénoncé un retour qui n’a «rien de naturel, de banal, de normal». Aux côtés du président de la commission des lois, Sacha Houlié, l’élue des Yvelines a annoncé avoir déposé une proposition de loi «pour créer une peine complémentaire d’inéligibilité pour [personnes condamnées] pour violences conjugales ou intrafamiliales». Elle sera débattue lors de la niche parlementaire du groupe majoritaire, début mars. «Adrien Quatennens devrait démissionner et se faire réélire», a de son côté estimé Marine Le Pen lors d’un échange avec la presse parlementaire à l’Assemblée.