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Liberté de la presse

Exclusion d’un journaliste du «Monde» par LFI : Jean-Luc Mélenchon assume

Invité du 13 heures de TF1 ce samedi 23 août, le leader de la France insoumise estime que son mouvement a «le droit de refuser» une accréditation et interpelle «la corporation».
Jean-Luc Mélenchon au 13 heures de TF1, ce samedi 23 août 2025. (Capture d'écran TFI)
publié le 23 août 2025 à 15h22

La veille, sur la grande scène réservée aux discours les plus importants de ces «Amfis» de rentrée de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon avait choisi la provocation. Au lendemain de la confirmation que la direction de LFI avait refusé d’accréditer un journaliste du Monde, Olivier Pérou, coauteur du livre-enquête, la Meute, avec Charlotte Belaïch de Libération, le triple candidat à la présidentielle avait «remerci[é] les professionnels de l’information», disant ne pas être «chagrin lorsqu’ils disent du mal de nous, car nous en sommes désormais habitués et parce que nous avons souvent l’impression que ça nous aide davantage que ça nous dessert». Rires du public alors que les critiques, à gauche, se multipliaient et que Libération allait annoncer son départ.

Ce samedi 23 août, invité du journal de 13 heures de TF1 depuis Châteauneuf-sur-Isère, l’insoumis s’est montré plus sérieux. Mais le voilà contraint, alors qu’il avait semble-t-il plus intérêt à dérouler sur son appel à la «grève générale» le 10 septembre ou sa volonté de censurer le gouvernement de François Bayrou le 23 septembre, de passer un tiers de cette (courte) interview sur cette polémique déclenché par ce choix - inédit pour une formation de gauche -, de priver un journaliste d’accès à une manifestation politique. «Un livre qui explique que nous sommes une secte alors que nous sommes le premier parti parlementaire de la gauche à l’Assemblée, qui met en cause nos vies privées, qui implique nos enfants, qui ne respectent pas le principe du contradictoire… Nous avons le droit de refuser», l’accréditation d’un journaliste, insiste-t-il.

Aucun des responsables de LFI n’a pourtant porté plainte - ni en diffamation, ni en atteinte à la vie privé - contre les deux auteurs du livre et aucun d’entre eux - à part Manuel Bompard - n’avait répondu à leurs demandes de réponses pour cette enquête. Facile d’affirmer aujourd’hui que le contradictoire n’a pas été respecté…

Au micro de la première chaîne, Mélenchon enchaîne : «Nous avons dit à ces deux journaux [Libération et Le Monde] : que doit-on faire maintenant avec des personnes qui nous traitent de cette façon ? Libé n’a pas répondu et Le Monde nous a dit ‘’on choisit qui on veut’'. Et bien soit. Choisissez qui vous voulez, mais comme vous demandez une accréditation, cela signifie que nous avons le droit de la refuser à ces personnes.» Oubli ou mensonge du tribun ? Libération a bien répondu à ce même courrier il y a plusieurs jours, pour préciser que ce n’est pas à un parti politique de choisir les journalistes qui écrivent dessus.

«Que devons-nous faire ?»

Enfin, l’ancien sénateur socialiste, aux relations toujours très tendues avec le «parti médiatique», s’est adressé «à toute la corporation», dans un rôle qu’il affectionne : «Que devons-nous faire quand nous sommes dans cette situation ? Nous vous avons proposé de faire un conseil déontologique de la presse, vous l’avez refusé, affirme-t-il. Vous ne pouvez pas penser, vous les journalistes, que vous avez le droit de vous comporter en dehors de votre déontologie et que nous allons sourire.»

Précision utile : il existe bien un Conseil de déontologie journalistique et de médiation et la Société des journalistes et du personnel de Libération (SJPL) y est adhérente. Aucun article de notre journal concernant Jean-Luc Mélenchon ou la France insoumise - pas même celui concernant l’enquête de Charlotte Belaïch et Olivier Pérou - n’a, jusqu’ici, été mis en cause.