A Beauvais (Oise), ce jeudi d’avril, les gilets orange flashy de techniciens rehaussent le rouge brique des maisons du coin. Perché sur sa pelleteuse, Landry, 21 ans, remet d’aplomb les trottoirs de la ville où le Rassemblement national (RN) est arrivé en tête aux dernières législatives. «Ces idées me plaisent, depuis que je peux voter, je vote RN», lâche l’apprenti devant des collègues qui s’affairent. Il enchaîne : «J’en discute avec tout le monde, je n’ai pas de problème avec ça». «Et moi, j’aime toutes les origines du monde», rétorque son chef de chantier, sans préciser son orientation politique pour veiller à «préserver l’esprit d’équipe».
Dans le garage d’en face, l’esprit d’équipe, c’est aussi la priorité de «Momo». Mohammed tient ce surnom de ses salariés. «Je veux entendre rire en travaillant, on fait souvent des barbecues le week-end», sourit ce responsable de France Cars. Et pour l’un des mécanos de l’équipe, cette ambiance a une saveur particulière. «Mon ancien patron était d’extrême droite, il ne s’en cachait pas», embraye Oumar au milieu des piles de pneus. Au début de son apprentissage l’année dernière, le vingtenaire entendait quotidiennement son supérieur vouloir «chasser tous les Arabes et les noirs du pays». Oumar était «le seul noir de l’en