Des drapeaux fleurdelisés frappés d’un Sacré-Cœur flottent au vent, des dizaines de jeunes gens viennent s’agenouiller devant un calvaire et faire le signe de croix avant de s’éclipser. La plupart sont des jeunes hommes, les cheveux coupés bien court et portant un tee-shirt floqué du logo d’un des nombreux groupuscules identitaires français. La scène, impensable il y a quelques années, se déroule en août 2024 lors d’une université d’été d’Academia christiana, une organisation catholique d’extrême droite fondée par un ancien de Génération identitaire après la Manif pour tous de 2013. Longtemps indifférents, voire hostiles, à la foi chrétienne, les identitaires ont entamé un virage religieux où la doctrine catholique, essentiellement traditionaliste, constitue un pilier de leur conception civilisationnelle et suprémaciste du monde.
Au commencement était le rejet. Héritière du fascisme et du nazisme français de la Seconde Guerre mondiale, l’extrême droite française se reconstitue en partie autour de la Nouvelle Droite et du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (Grece) au début des années 1970. Ce sont les prémices du courant identitaire. Comme l’explique à Libé l’historien spécialiste de cette mouvance Stéphane François, ses penseurs, Alain de Benoi