Un dimanche gris d’avril sur le petit marché de Pannes, commune de 3 800 habitants en périphérie de Montargis (Loiret). Jordan Bardella y a raflé 47,8 % des votes aux dernières européennes. On cherche en vain une voix qui se dirait un peu troublée dans ses convictions par la condamnation de Marine le Pen pour détournement de fonds publics le 31 mars et aurait, à nouveau, le vote Le Pen «honteux». Du haut de son camion de boucherie, Justine, la trentaine, claironne : «Ce qu’on lui reproche, beaucoup le font, tout le monde magouille ! Ce jugement, pour moi, ça ne change rien du tout, je ne vote pas pour une personne, je vote pour une idée !» Pour la commerçante, l’urgence est de «redresser le pays» : «Il faut tout refaire : la justice, l’éducation, tout !» lance-t-elle en emballant un rôti. Personne n’ose la contredire dans la file d’attente.
En attendant d’être servi, Alain, retraité, appuie : «Je ne vous dirai pas mon vote, mais enfin, il y en a d’autres qui mériteraient d’être condamnés. Avec Marine Le Pen, la justice a été partiale. On veut l’empêcher de se représenter. Sinon faudrait juger aussi Mélenchon