Les royalistes oui, mais pas les pétainistes. L’Action française (AF, royaliste) et Les Nationalistes (nostalgiques de Pétain) avaient saisi en référé-liberté le tribunal administratif pour contester l’interdiction par la préfecture de police de leurs manifestations respectives prévues ce dimanche à Paris. Le juge a donc donné raison aux premiers, qui avaient déjà vu, à la mi-journée, tomber l’interdiction de leur colloque de ce samedi. Mais, selon les informations de Libé, pas aux seconds, retenant visiblement le passif de leur président, Yvan Benedetti, notamment condamné pour reconstitution de ligue dissoute ou contestation de crime contre l’Humanité.
Analyse
Le préfet Laurent Nunez appliquait ainsi les consignes de Gérald Darmanin qui avait annoncé, mardi à l’Assemblée nationale, qu’il demandait aux préfets de ne plus autoriser de nouvelles manifestations «d’ultradroite ou d’extrême droite». Le ministre réagissait à l’indignation provoquée par le défilé néofasciste qui s’était déroulé sans que les autorités n’y trouvent à redire, samedi 6 mai. Une décision à la légalité immédiatement mise en doute par un certain nombre d’observateurs, notamment dans les colonnes de Libé. Prudent, Gérald Darmanin avait d’ailleurs pris le soin de préciser son propos dans l’hémicycle, dès mardi, en déclarant : «nous laisserons les tribunaux juger de savoir si la jurisprudence permettra de tenir ces manifestations».
Et c’est donc oui… et non. Le ministère de l’Intérieur misait sur une jurisprudence née de l’interdiction, confirmée par le Conseil d’Etat, en 2014, d’un spectacle du multirécidiviste de la haine Dieudonné M’Bala M’Bala. Celle-ci prévoit que puisse être interdit un événement en raison d’un «risque sérieux que soient portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes, notamment de dignité de la personne humaine». En l’espèce, selon Le Parisien, concernant le colloque et les manifestations d’extrême droite de ce week-end, des «appels à la violence contre des groupes de personnes» et la «négation de crimes contre l’humanité».
Phalangistes espagnols et fascistes bulgares
Si l’argument a semblé peser dans la décision du tribunal administratif en ce qui concerne Les Nationalistes d’Yvan Benedetti, le juge en a donc décidé autrement pour l’Action française. Les royalistes maurrassiens pourront donc défiler ce dimanche matin, dans le 1er arrondissement de la capitale, et rendre hommage à Jeanne d’Arc. Reste à savoir si les troupes de Benedetti resteront sagement à la maison…
Ce samedi après-midi, les mêmes avaient en outre pu tranquillement se réunir pour un «Forum» organisé par Jeune Nation, qui n’est autre que l’organe de propagande du groupuscule Les Nationalistes. Et pour cause : l’événement, purement et simplement oublié par les autorités, n’était pas interdit. Il réunissait pourtant des «délégations étrangères venues de toute l’Europe», dont des membres de la Phalange espagnole, des nostalgiques de Franco, ou de l’Union Nationale Bulgare, un parti ultranationaliste aux tendances fascistes, qui étaient déjà présents au C9M, la manif néofasciste de samedi 6.
Toujours ce samedi, la «Marche de la fierté française» organisée à l’appel groupe «Place d’Armes» devait avoir lieu entre la place Denfert-Rochereau et la place Vauban. Également visé par une interdiction, qui n’avait toutefois pas été contestée, ce rassemblement a été empêché par un déploiement de forces de l’ordre. Derrière cette organisation, on retrouve l’ancien militaire Jean-Pierre Fabre-Bernadac qui était à l’initiative de la tribune dite «des généraux» publiée dans Valeurs actuelles. De nombreuses personnalités complotistes ou d’extrême droite avaient été annoncées comme le chantre du «grand remplacement» Renaud Camus, l’ancien bras droit de Jean-Marie Le Pen Bruno Gollnisch ou le président des catholiques intégristes de Civitas, l’antisémite belge Alain Escada.