Le plafond de verre de Marine Le Pen se craquelle-t-il encore un peu plus ? C’est en tout cas ce qui ressort d’une nouvelle note de la Fondation Jean Jaurès, signée de son directeur de l’Observatoire de l’opinion, Antoine Bristielle. Dans son étude, le chercheur s’est ainsi intéressé aux «switchers», ces électeurs qui estiment désormais, selon un sondage Ipsos pour le Monde, que Marine Le Pen a «l’étoffe d’une présidente». Ils étaient 30 % en octobre 2021 puis 39 % en mars 2022, à quelques semaines du premier tour. «On peut craindre un effet boule de neige : plus Marine Le Pen se rapprochera de l’Elysée dans les sondages, plus ceux qui la dédiabolisent seront tentés de voter pour elle», met en garde Bristielle dans cette note.
Cette dédiabolisation, fait-il remarquer, touche désormais de larges pans de l’électorat. Au sein de ces switchers, 17 % proviennent de professions intermédiaires, 8 % de cadres supérieurs. Pour les retraités, catégorie sociale souvent réticente à voter à l’extrême droite compte tenu du souvenir des propos xénophobes et antisémites de son père, ils sont maintenant 35 % (contre 27 % auparavant) a ne plus voir Marine Le Pen comme un danger.
«Des effets majeurs dans l’isoloir»
Ce nouvel électorat potentiel est aussi, en moyenne, plus diplômé que le socle du vote RN. La triple candidate du RN à la présidentielle réussit ainsi à moins inquiéter au sein des catégories de la population ayant un niveau d’éducation plus élevé : près d’un quart a un bac+2 et 17 % un bac+3 ou 4.