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Extrême droite : quand Jean-Marie Le Pen était condamné pour «antisémitisme insidieux»

En 1986, le fondateur du FN était condamné pour s’en être pris nommément à quatre journalistes juifs ou d’ascendance juive. «Libé» avait relaté cette affaire.
Jean-Marie Le Pen en janvier 1986 à Mulhouse. (Photo/Keystone)
publié le 10 novembre 2023 à 11h34

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«Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde.» La citation – exacte – d’Albert Camus pourrait bien s’appliquer au RN qui, depuis dimanche dernier, refuse de qualifier Jean-Marie Le Pen d’antisémite. Le fondateur du mouvement d’extrême dont est issu le RN n’a pourtant jamais été avare en matière d’attaques contre les Juifs. La justice l’a d’ailleurs reconnu puisque Le Pen père a été condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme. La première fois remonte à 1986. Celui qui est alors député FN est condamné pour «antisémitisme insidieux». En cause, des propos tenus en 1985 à l’occasion d’un meeting.

Libé s’était fait l’écho des mots lepénistes sanctionnés. Dans un article (qui n’est pas consultable en ligne car trop ancien) intitulé «Le Pen : la leçon du commissaire aux affaires de presse», nous revenions sur les mots du leader d’extrême droite à la tribune. «Je dédie votre accueil à M. Jean-François Kahn, à Jean Daniel, à Ivan Levaï, à Elkabbach», avait lancé Le Pen, faisant écrire à Libé que «c’était sans doute une pure coïncidence si les quatre personnes citées sont d’origine juive». La Licra avait, dans la foulée, poursuivi le leader d’extrême droite pour ces mots.

En meeting, rapportait Libé, Le Pen poursuivait : «Je dédie cet accueil à tous les menteurs de la presse de ce pays, aux journalistes de télévision qui ont osé filmer des chaises vides. Ces gens-là sont la honte de leur profession. Mgr Lustiger [alors archevêque de Paris, ndlr] me pardonnera ce moment de colère, puisque même Jésus l’a connu.» Une référence au Christ bien évidemment fortuite là aussi, Le Pen évoquant les marchands du Temple à Jérusalem que Jésus a chassés.