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Face à la probable chute du gouvernement Bayrou, les taxis reportent leur mobilisation du 5 septembre

Alors que la fédération des taxis avait annoncé vouloir «mettre le pays à l’arrêt» pour dénoncer la réforme du transport sanitaire, elle estime désormais n’avoir «aucune garantie d’avoir un interlocuteur politique légitime».
Un chauffeur de taxi lors de la mobilisation contre la réforme du transport sanitaire le 19 mai 2025 à Paris. (Nicolas Rongier/Hans Lucas. AFP)
publié aujourd'hui à 8h48

François Bayrou a presque déjà quitté Matignon à leurs yeux. Les fédérations de taxi ont annoncé mercredi 27 août au soir le report de leur mobilisation, prévue le 5 septembre contre les nouveaux tarifs du transport sanitaire, du fait de la possible chute du gouvernement le 8 septembre.

«Tant que l’incertitude demeure sur le maintien ou la chute du gouvernement politique, il n’existe aucune garantie d’avoir un interlocuteur politique légitime et en capacité de prendre des engagements», ont justifié les fédérations dans un communiqué conjoint, estimant que «lancer une mobilisation dans ce contexte reviendrait à gaspiller une énergie précieuse».

Les fédérations de taxi avaient prévu de «mettre le pays à l’arrêt» début septembre, selon les mots du secrétaire général de la Fédération nationale du taxi Dominique Buisson fin août. Elles entendaient bloquer gares, frontières, sites de distribution de carburant ou encore les Champs-Elysées à Paris pour protester principalement contre les nouveaux tarifs du transport de patients décidés par la Sécu pour dégager des économies sur ce poste de dépenses de plus en plus coûteux. La mesure doit entrer en vigueur le 1er octobre.

Mais avec ce report, «il ne s’agit en aucun cas d’un abandon du mouvement», préviennent les fédérations, «si un nouvel exécutif est nommé, nous agirons avec la même détermination pour que notre dossier soit placé en priorité dans l’agenda».

30 % de chiffre d’affaires en moins

Une nouvelle convention officialisée début août a changé les règles de prise en charge par l’Assurance maladie des transports de patients par les taxis dans l’objectif d’en réduire ses coûts croissants. Parmi les modifications, le forfait de prise en charge sera harmonisé au niveau national et augmenté mais les retours «à vide» une fois le patient déposé, coûteux, seront fortement dissuadés.

La FNDT estime à 30 % la perte potentielle de chiffre d’affaires due à cette réforme quand l’Assurance maladie affirme qu’elle profitera à la majorité des taxis. Elle n’en attend pour autant pas moins de 150 millions d’euros d’économies qu’elle juge nécessaires face aux coûts du transport sanitaire : 6,7 milliards d’euros en 2024, 7 % de plus qu’en 2023, et 2,1 milliards d’euros de plus qu’il y a dix ans.

Les taxis y prennent une place de plus en plus importante et sont désormais à l’origine de presque la moitié des coûts, contre moins de 20 % au début des années 2000.

Pour Dominique Buisson, le transport sanitaire est de plus en plus coûteux notamment du fait que les patients ont «plus de rendez-vous» et doivent se rendre de plus en plus loin en raison de «l’éloignement des centres de soins», affirmait-il fin août.