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Analyse

Face à l’extrême droite, la parade introuvable de la gauche

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Depuis quarante ans, les partis cherchent la bonne méthode pour lutter contre l’extrême droite, en vain. Après le temps de l’union et du barrage républicain est venu celui du doute et des fractures idéologiques.
Harlem Désir (tout à gauche) et Julien Dray en face de François Mitterrand (droite), le 17 avril 1986 à l'Elysée. (AFP)
publié le 22 avril 2021 à 7h15

Il fut un temps où la gauche boxait contre l’extrême droite. Littéralement. Nous sommes en 1994 : sur le plateau du 20 heures de France 2, le présentateur de l’époque, Paul Amar, tend des gants à Bernard Tapie, ex-ministre de François Mitterrand, et à Jean-Marie Le Pen, président du Front national (FN), invités à débattre. Une séquence de politique spectacle, révélatrice d’une époque où les partis de gauche, menés par le Parti socialiste (PS), étaient à l’offensive. «Au moment de son émergence électorale, au début des années 80, il y a un consensus pour contrer frontalement le FN et ses idées, analyse l’eurodéputé EE-LV David Cormand. Des mouvements comme la “marche des Beurs” ont contribué à forger une génération de militants de gauche, à la pointe sur ce combat.» C’est aussi l’époque de SOS Racisme, fondé en 1984 par Julien Dray et Harlem Désir, deux socialistes. Un instrument qui permet au PS de mener une bataille idéologique mais aussi «de rallier des jeunes autour de l’antiracisme», explique l’historien Jean Garrigues.

Quarante ans plus tard, la gauche semble avoir rendu les armes. «En dehors des pieux appels au barrage, il n’y a plus de structures organisées pour lutter», regrette Joséphine Delpeyrat, porte-parole de Génération·s et cofondatrice de l’Observatoire national de l’extrême droite, qui tente de «remettre de l’huile dans le moteur». «Il y a aussi une lassitude de la population, poursuit-elle. En 2002, tout le monde