
Enquête (1/4)
Fausse adresse, «Mein Kampf» et petits carnets : révélations sur la traque de l’antisémite Alain Soral
Paris, VIe arrondissement, le 28 juillet 2020. A 11 h 30, sous un ciel gris, un dispositif policier se déploie dans l’étroite rue Bernard-Palissy, à deux pas du très chic boulevard Saint-Germain. Les yeux des agents sont rivés sur la petite porte en bois et fer forgé d’un immeuble cossu, et sur les fenêtres du quatrième étage. Celui de l’appartement de leur cible. Après de longues heures d’attente, l’huis de l’immeuble s’ouvre à 15 h 55 sur un homme «ressemblant en tout point physique à l’individu recherché», qui sort d’un pas pressé. Les agents de la Brigade de répression de la délinquance aux personnes le suivent sur une centaine de mètres puis décident de le cueillir en douceur : Alain Soral, vétéran de la fachosphère et idéologue antisémite est interpellé et placé en garde à vue. Le sexagénaire déjà multicondamné pour ses diatribes haineuses pensait pourtant s’être soustrait à la justice française.
Fuite en Suisse (d’où, ayant la double nationalité franco-helvétique, il ne peut être extradé) et escapades discrètes en France, fausse adresse, ligne téléphonique ouverte au nom d’un proche… Libération a pu avoir accès au dossier d’enquête racontant la traque et la perquisition du domicile d’Alain Soral (Alain Bonnet, de son vrai nom), poursuivi dans cette affaire pour injure publique raciste et pro