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Libération
Roses fanées

Fervent opposant de la Nupes, Stéphane Le Foll veut créer «une nouvelle fédération de la gauche»

Le 16 juillet prochain, le maire du Mans rassemblera à l’occasion d’une réunion visant à réfléchir à l’avenir de la gauche sociale-démocrate plusieurs figures anti-Nupes comme la présidente de la Région Occitanie Carole Delga ou l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve.
Stéphane Le Foll, le 9 mai dernier. (Jean-François Monier/AFP)
publié le 27 juin 2022 à 19h32

Les législatives passées, l’heure serait désormais à réfléchir à l’avenir de la gauche. C’est du moins ce que semble penser Stéphane Le Foll. Dans une interview à la Maine Libre, le maire du Mans, toujours membre du PS mais en désaccord avec toutes les orientations décidées par la direction des roses depuis plusieurs mois, en appelle à la création «une nouvelle fédération de la gauche». «Nous avons besoin de nous refonder, d’imaginer quelque chose de nouveau», explique l’ancien ministre de François Hollande, opposé depuis sa création à la Nouvelle union populaire écologiste et sociale (Nupes) et qui n’a donc pas l’intention de la voir perdurer sans rien faire.

Comme point de départ de cette «nouvelle fédération de gauche», l’ancien porte-parole des gouvernements de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve donne rendez-vous le 16 juillet prochain à Arnage dans la Sarthe. Dans cette petite commune de 5 000 habitants en périphérie du Mans, Stéphane Le Foll organise une réunion avec plusieurs figures socialistes (ou ex-socialistes) qui n’ont cessé pendant la campagne de législatives de critiquer l’accord du PS avec la France insoumise. D’après l’édile, la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, le président de la Région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, et l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve seront là.

«Il faut une nouvelle approche»

L’ancien président de la République, François Hollande, lui, ne sera pas présent pour des questions d’agenda. Mais l’ancien chef de l’Etat « trouve que c’est une très bonne idée qu’il soutient » assure son entourage à Libération. «C’est un processus qui doit s’engager sur une réflexion approfondie : qu’est ce qui nous est arrivé ? Pourquoi les couches populaires, le milieu rural votent Rassemblement national en masse et que cela semble s’installer de manière durable ? Nous devons nous interroger sur tous ces citoyens insécurisés dans leur emploi, dans leur quartier, etc. Il faut qu’on arrive à leur reparler. Les couches populaires n’ont pas voté Mélenchon. Il faut une nouvelle approche, une nouvelle gauche», développe Stéphane Le Foll.

Cette «nouvelle gauche» rassemblera «les sociaux-démocrates, les écologistes réformistes, des républicains qui sont attachés à l’universalisme», précise l’ancien ministre de l’Agriculture, histoire de bien se distinguer de la Nupes et des Insoumis qui, selon lui ou Carole Delga, ne serait pas parfaitement républicains. A l’instar de François Hollande, les participants annoncés à la réunion du maire du Mans n’ont pas retenu leurs critiques contre la Nupes durant la campagne des législatives et, par ricochets, contre la direction du PS qui a validé l’alliance.

Les dissidents de la Nupes ont fait en moyenne 9% aux législatives

Dans le Maine Libre, c’est le nouveau président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale Boris Vallaud qui en prend pour son grade. «En politique, il y a deux solutions : être […] une girouette et tourner avec le vent ou défendre des convictions et des idées. Certains le font comme Boris Vallaud, […] qui fut secrétaire général adjoint à l’Élysée. Aujourd’hui, il est pour la retraite à 60 ans pour tout le monde alors que les débats que nous avions à l’époque, c’était la retraite à 60 ans pour les carrières longues et la recherche d’un équilibre. Il passe par pertes et profits tout ce qu’il a fait pendant des années. Je ne suis pas de ce bois-là. Je suis fidèle à mes convictions et à mon histoire politique», cingle Stéphane Le Foll.

Reste que cette supposée «fidélité» vantée par l’ancien ministre ne semble pas payer électoralement parlant. Aux dernières législatives, les candidatures de gauche dissidentes défendues par les Hollande, Cazeneuve, Delga ou Le Foll ont fait un four. Dans les circonscriptions où ils étaient en lice, les dissidents de la Nupes ont en moyenne récolté à peine plus de 9 % des voix exprimées, contre plus de 26 % pour les candidats officiels notent plusieurs chercheurs dans le Monde. Mais le maire du Mans se rassure en affirmant que le score de la gauche unie est lui aussi décevant. «Contrairement à ce qui avait été dit, la Nupes, avec 133 députés, ce n’est pas une victoire. 25 % des voix, c’est le score de la gauche en 2002 et en 2007», grince l’ancien porte-parole du gouvernement.

Pendant ce temps-là, le meilleur ennemi de Le Foll, Olivier Faure fait, lui, une autre lecture de ces résultats. «S’il n’y avait pas eu l’accord de la Nupes, l’extrême droite se serait retrouvée dans 200 circonscriptions supplémentaires au 2nd tour et l’aurait remporté dans la moitié des cas ! Ce ne serait pas 89 députés, mais 189 ! Mesurons l’importance de cet accord !», vantait le premier secrétaire du PS, la semaine dernière, en Conseil national. Une question de point de vue donc.