L’Elysée avait anticipé le scandale. Emmanuel Macron et son secrétaire général, Alexis Kohler, savaient que Thierry Breton risquait de devoir répondre de ses dix ans passés, de 2008 à 2019, à la direction d’Atos. Aussi ont-ils refusé sa candidature comme tête de liste aux européennes. Le crash d’Atos est monumental. Dette brute de 4,6 milliards d’euros, chute vertigineuse du cours de Bourse, valse des plans de reprise et des dirigeants… Le groupe suffoque depuis le départ de Breton. Lui a toujours nié toute responsabilité, chargeant de fait ses successeurs. «Moi, j’ai laissé l’entreprise en parfaite santé, sans dette», dit-il encore à Libération. Breton a réservé ses explications plus poussées aux sénateurs, qui l’ont récemment auditionné dans le cadre d’une mission d’information sur Atos. L’ancien PDG s’est présenté avec son ancien bras droit, Charles Dehelly, un ingénieur rencontré quinze ans plus tôt chez Bull, artisan avec lui, dès 2009, de la transformation du groupe. A l’époque, il vendait essentiellement des services informatiques, maintenance et gestion des data centers.
Enquête
Dehelly s’est attelé à restructurer, couper les coûts, licencier. Breton, lui, phosphorait, recrutait un conseil scientifique, des noms prestigieux au conseil d’administration, tel Nicolas Bazire, alors numéro 2 de LVMH. Feu sur les acquisition