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Libération
Première étape

Fin de vie : le projet de loi d’Emmanuel Macron sur «l’aide à mourir» transmis au Conseil d’Etat

Fin de viedossier
Le texte annoncé par le Président de la République à «Libération» la semaine dernière se trouve désormais entre les mains des «sages», avant sa présentation en Conseil des ministres au mois d’avril.
Dans le texte transmis par le gouvernement, cinq conditions doivent être remplies simultanément pour «accéder à l’aide à mourir». (Fabrice Picard/Vu.Libération)
publié le 19 mars 2024 à 7h46

C’est le début d’un processus qui s’annonce long pour instaurer en France une «aide à mourir» strictement encadrée. Le gouvernement a transmis au Conseil d’Etat son projet de loi «relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie», d’après la copie que l’AFP s’est procurée lundi 18 mars au soir.

Le texte détaille les cinq conditions à remplir simultanément pour «accéder à l’aide à mourir» : une personne devra «être âgée d’au moins 18 ans» ; «être de nationalité française ou résider de façon stable et régulière en France» ; «être en capacité de manifester sa volonté de façon libre et éclairée» ; «être atteinte d’une affection grave et incurable engageant son pronostic vital à court ou moyen terme» ; enfin «présenter une souffrance physique ou psychologique réfractaire ou insupportable liée à cette affection».

«Des interrogations sur les bons équilibres»

Selon la rédaction retenue par l’exécutif, «l’aide à mourir consiste en l’administration d’une substance létale, effectuée par la personne elle-même ou, lorsque celle-ci n’est pas en mesure physiquement d’y procéder, par un médecin, un infirmier ou une personne volontaire qu’elle désigne».

Le texte, dont Emmanuel Macron avait dévoilé les contours il y a une semaine dans une interview à Libération et la Croix, doit maintenant être présenté en Conseil des ministres en avril, probablement au début du mois, avant d’entamer le 27 mai dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale un examen parlementaire prévu pour durer plusieurs mois.

Les députés se préparent à mettre en place, le 10 avril a priori, une commission spéciale pour examiner ce dossier très sensible. Le rapporteur pourrait être l’élu Modem Olivier Falorni, de longue date impliqué sur cette question.

«Il faut respecter la liberté de conscience de chacun», a plaidé lundi sur LCI la ministre des Relations avec le Parlement Marie Lebec. «Il y a aujourd’hui des questionnements, des interrogations sur les bons équilibres», a-t-elle souligné, alors que des réserves émergent y compris chez certains macronistes.

Une opinion qui semble se montrer favorable

La ministre de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin, qui défendra le texte au nom du gouvernement, sera mardi devant les députés du parti présidentiel Renaissance pour répondre à leurs questions.

Après des mois de réflexions et plusieurs reports, le chef de l’Etat a exposé dans Libé et la Croix un «modèle français», refusant d’inscrire dans le marbre de la loi les mots «euthanasie» ou «suicide assisté», qui peuvent être clivants – même si cette «aide à mourir» peut s’y apparenter par certains aspects.

Les représentants des principales religions, notamment catholique, ainsi qu’une partie des soignants ont manifesté leurs désaccords avec les choix présidentiels. L’opinion, elle, semble s’y montrer favorable. Selon un sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio réalisé après les arbitrages d’Emmanuel Macron, ceux-ci sont approuvés par 82 % des personnes interrogées. Le soutien est majoritaire quel que soit le bord politique des sondés.