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On attendait Zizou, ce fut Jul. Premier relais et première transmission de torche. Après être descendu du Belem et avoir parcouru quelques mètres dans le Vieux-Port de Marseille en délire, Florent Manaudou a transmis la flamme olympique à Nantenin Keïta qui elle, a transmis la flamme de Paris 2024 au rappeur marseillais Jul dont on ignorait l’identité jusqu’à la dernière minute. Renaud Muselier aurait sûrement préféré voir le célèbre footballeur. Président de la région Paca, ex-LR et désormais Renaissance, Muselier a dit hier sur France Info sa déception d’avoir vu le rappeur allumer la flamme. «C’est un exceptionnel chanteur mais ce n’est pas sa place», a-t-il estimé, ajoutant : «Je pense que ça a un peu gâché la fête cette histoire.» Rien que ça. Peut-être bloque-t-il sur les paroles de Jul dans le morceau Entraînement : «64 ans la retraite, respecte pas l’peuple le gouvernement.»
Encouragements
Pas facile d’exister pour la droite dans cette campagne et d’exister tout court depuis quelques années. Alors quand leur tête de liste François-Xavier Bellamy s’offre une petite séquence de buzz en allant donner la réplique au député LFI Louis Boyard devant les étudiants qui bloquent Sciences-Po Paris en soutien à la Palestine, les chefs à plume de LR s’enflamment comme s’ils avaient marqué un but décisif. Après des diffusions en boucle sur CNews, le philosophe versaillais a même eu droit à son petit passage sur TPMP, l’émission de Cyril Hanouna étant sûrement à court de polémique en cette semaine très calme de pont de l’Ascension. C’est donc une pluie de messages de félicitations de la part d’élus de son camp qu’a reçu «FXB», selon le Figaro. Oubliant sûrement que dans l’histoire, le moteur originel du buzz se trouve plutôt du côté des insoumis et de leur stratégie de mettre Gaza au centre de la campagne. Mais quand on manque de tout, on se contente de peu.
Le pont éphémère
«Choisir, c’est renoncer», affirmait André Gide. Alors pour éviter de devoir renoncer, certains comme Renaud Delpech préfèrent cumuler que choisir, surtout quand il s’agit de deux super jobs. D’après l’AFP, le nouveau conseiller spécial de la directrice générale du Medef vient effectivement d’être recruté fin mars par Renaissance pour voler au secours de la campagne des européennes. Une offre pas très étonnante pour celui qui a justement été «responsable» puis «chef» du pôle «Idées et international» à En marche pendant près de cinq ans d’après ce qu’on peut lire sur son profil LinkedIn… D’autant que Delpech a également été conseiller de Clément Beaune au ministère de l’Europe et que ce dernier est devenu le porte-parole de la campagne de Valérie Hayer. Une double casquette Medef-Renaissance validée par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique «sous réserve déontologique». Reste à voir s’il endosse également la responsabilité de pigeon voyageur entre ses deux patrons.
Mal barré
Dans une interview accordée dimanche 5 mai à la Tribune dimanche et à la Provence, Macron s’est dit en faveur de l’introduction d’«une part de proportionnelle» pour les législatives. Une mesure, largement plébiscitée par la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, mais qui ne fédère ni les oppositions, ni le camp présidentiel, selon le Parisien. A Horizons, l’idée ne séduit pas franchement. «Nous sommes plutôt contre», a déclaré tout bonnement le patron du groupe, Laurent Marcangeli. Du côté de Renaissance, beaucoup ne comprennent ni la stratégie, ni les calculs du Président. Si cette réforme avait été appliquée en 2022, il manquerait aujourd’hui 18 sièges à la majorité : c’est l’argument que Sylvain Maillard, le patron du groupe, aurait avancé lors d’une réunion interne à l’Assemblée, pour justifier son opposition. Même au Modem, pourtant historiquement en faveur de la proportionnelle, les voix dissidentes se multiplient sur la proposition de Braun-Pivet [élire à la proportionnelle les députés dans les départements en comptant plus de dix, ndlr], «à commencer par le grand chef» François Bayrou, avance le quotidien. Bref, ça va être compliqué.
Cholestérol
Que cache le cœur d’un parlementaire ? Yannick Neuder, député-cardiologue LR de l’Isère, tentera de répondre le 15 mai par une séance de dépistage des troubles cardiovasculaires à l’Assemblée, apprend-on à l’AFP. En partenariat avec l’Alliance du cœur et la Société française de cardiologie, l’élu du parti de Ciotti propose aux députés de venir tester leurs facteurs de risque (hypertension artérielle, diabète et taux de cholestérol). «Il y a une grande méconnaissance», déplore Neuder, qui rappelle que ces maladies causent 140 000 décès par an. A l’approche de la journée mondiale contre l’hypertension le 17 mai, il en profitera aussi pour défendre sa proposition de loi pour systématiser ces dépistages au sein de la population. «Plusieurs députés m’ont dit qu’ils seraient présents. La présidente de l’Assemblée sera là», se réjouit Neuder, ouvrant la porte de ce cabinet éphémère à tous les partis, d’une punchline : «Le cholestérol n’est ni de droite ni de gauche.»