C’était il y a deux ans, presque jour pour jour. Pour répondre au soulèvement populaire des gilets jaunes, Emmanuel Macron souhaitait s’attaquer au symbole de l’élite, à l’école qui la forme (et qui l’a formé lui-même), bref, à l’antichambre du pouvoir : l’Ecole nationale d’administration. «Il faut supprimer entre autres l’ENA», déclarait le chef de l’Etat au détour d’une conférence de presse, disant vouloir «refonder le recrutement des hauts fonctionnaires […] et la gestion des carrières».
Ensuite ? Pas grand-chose. Un rapport commandé au juriste Frédéric Thiriez et rendu en février 2020 préconisait une refonte de l’école basée à Strasbourg, le changement de nom et la suppression du classement de sortie, la fameuse «botte» qui permet aux premiers de la promo de choisir les grands corps… Comme l’avait fait Emmanuel Macron en 2004 lorsqu’il avait eu «la bonne surprise» (c’est son expression) de découvrir sa cinquième place au classement. Il s’était alors dirigé vers l’Inspection générale des finances. De nouvelles rumeurs de suppression de l’ENA avaient couru il y a deux mois, au moment de l’annonce du plan «égalité des chances». Mais le chef de l’Etat s’était alors contenté d’une réforme du concours d’accès pour y intégr