Un plan d’urgence baptisé «Mayotte debout» avant d’autres mesures de long terme. En déplacement à Mayotte, dévasté par l’ouragan Chido le 14 décembre, le Premier ministre, François Bayrou, a présenté ce lundi 30 décembre les premières mesures de son gouvernement pour reconstruire l’archipel et département d’outre-mer. Libération vous résume les premiers points de ce plan, présenté depuis le conseil départemental mahorais, à Mamoudzou.
L’électricité «rétablie dans chaque foyer fin janvier»
Le Premier ministre souhaite que l’électricité soit «rétablie dans chaque foyer fin janvier». Il a aussi annoncé «un renfort de 200 agents pour atteindre cet objectif» et l’envoi au total par EDF de «200 groupes électrogènes, une dizaine par commune» pour faire fonctionner les «équipements indispensables». En outre «20 techniciens EDF arriveront en renfort dans la semaine pour organiser [des] commandos» techniques dans chaque commune et intervenir sur «les ruptures de réseaux basse tension».
Bilan
Une «loi d’urgence» vendredi, un plan de refondation dans les trois mois
La «loi d’urgence», soumise au Conseil d’Etat le 22 décembre, sera présentée le 3 janvier en Conseil des ministres, a annoncé François Bayrou. Le texte sera présenté puis débattu au Parlement «sous quinze jours». Alors que le Premier ministre souhaite que l’île soit reconstruite en deux ans, cette loi vise à contourner plusieurs règles d’urbanisme et de fiscalité pour accélérer les travaux. Elle avait été annoncée par Emmanuel Macron le 19 décembre, lors de sa visite de Mayotte, comme ce qui avait pu être mis en place pour la reconstruction de Notre-Dame ou l’organisation des Jeux olympiques. Un projet de «loi programme de refondation» de l’archipel «préparé et conçu avec les élus de Mayotte, sera mis au point dans les trois mois», a ajouté le maire de Pau.
Une rentrée dès le 13 janvier pour certains établissements scolaires
Lors de la présentation de son plan «Mayotte debout», le Premier ministre a longuement évoqué la question de l’école. En plus d’un volet sécuritaire, François Bayrou a évoqué une rentrée qui «aura lieu selon les modalités adaptées établissement par établissement à partir du 13 janvier». La date du 20 janvier a elle aussi été évoquée, et une priorité devrait être donnée aux élèves «dans les classes ayant un examen final comme le bac, le brevet ou le CAP», a poursuivi François Bayrou. «Une scolarisation temporaire dans l’Hexagone» sera également accessible aux personnes qui le désirent et «des tentes écoles pourront être fournies cette semaine». Pour que les élèves aient des enseignants devant eux, le Premier ministre a également évoqué la possibilité d’appeler en renfort des «enseignants solidaires», notamment en faisant appel à des retraités ou à des étudiants.
Mobiliser armée et gendarmerie pour protéger les écoles
Le gouvernement veut aussi lancer un «plan vigilance» en associant armée et gendarmerie pour «surveiller» les établissements scolaires face aux menaces d’incendie et de pillage. «On ne peut pas laisser les écoles, les collèges et les lycées être chaque jour pillés ou pire encore, brûlés», a déclaré le Premier ministre. Quelques minutes auparavant, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, avait déploré que l’on ait «brûlé une école de la République», transformée depuis quinze jours en centre d’hébergement d’urgence.
Checknews
«Empêcher la reconstruction des bidonvilles»
L’Etat et les pouvoirs publics locaux veulent «empêcher la reconstruction des bidonvilles» à Mayotte, a affirmé le Premier ministre, précisant que ces dispositions pourront être «inscrites dans la loi». «L’Etat et les pouvoirs publics locaux s’accordent pour interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles», a déclaré le chef du gouvernement.
Quelques jours avant les annonces du Premier ministre, les architectes Cyrille Hanappe et Dominique Tessier expliquaient dans une tribune à Libération combien il est illusoire de vouloir raser ces zones. Ce choix gouvernemental, qui pourrait s’avérer aussi cruel et destructeur que la tempête elle-même, est opposé aux méthodes qui ont fait leurs preuves dans plusieurs pays d’Amérique latine : privilégier l’amélioration progressive de l’existant.
Une «intervention de l’armée» pour aider à rétablir l’eau
Point central dans la crise que connaît Mayotte depuis plusieurs années, la question de l’eau est au cœur du plan «Mayotte debout». François Bayrou a annoncé une «intervention de l’armée» pour aider les équipes locales à la réparation des réseaux de distribution. «Avant la fin de la semaine, le volume de production d’eau potable obtenu avant Chido», soit 38 000 m³ par jour, «sera atteint» s’est engagé le Premier ministre. Insuffisant pour l’île, ce volume devrait atteindre 40 000 m³ avant le 30 juin 2025, a ajouté le chef du gouvernement. Les 60 millions d’euros prévus en 2025 par le plan «Eau Mayotte», lancé en septembre, devraient être «sanctuarisés».