A chaque jour sa controverse avec François Bayrou. Questionné par les députés à l’Assemblée nationale ce mardi 17 décembre, le Premier ministre s’est pris les pieds dans le tapis. Le nouveau chef du gouvernement a tenté de justifier son choix de présider le conseil municipal de Pau la veille, plutôt que participer physiquement à la réunion du centre interministériel de crise sur Mayotte. Le chef du Modem a argué qu’il n’était «pas d’usage» que le Premier ministre et le président de la République «quittent en même temps le territoire national», sachant qu’Emmanuel doit se rendre prochainement sur l’archipel dévasté. Problème : Mayotte est bien un département français, le 101e précisément.
Mayotte : "Il n'est pas d'usage que le Premier ministre et le président de la République quittent en même temps le territoire national", se défend @bayrou. "Surtout que, disons le humblement, j'ai la responsabilité de proposer au Président un nouveau gouvernement."#DirectAN pic.twitter.com/jHaUwNjSUa
— LCP (@LCP) December 17, 2024
Après les critiques sur son choix de privilégier sa ville du Béarn lundi, cette maladresse - à tout le moins - de François Bayrou passe mal. A gauche, la députée LFI Clémence Guetté a fait part de sa «honte», tandis que son collègue insoumis Thomas Portes a dénoncé «une réponse coloniale». Le sénateur communiste Ian Brossat, lui, a évoqué un «naufrage». «Dans la tête de nos gouvernants, Mayotte est un territoire éloigné, composé de sous-citoyens, inéligibles à l’égalité républicaine. Nos compatriotes Mahorais méritent vraiment mieux que François Bayrou», a cinglé le vice-président PCF du Sénat. Le sénateur socialiste Alexandre Ouizille a pour sa part estimé que François Bayrou doit «s’excuser».
Avant cette sortie de route, la cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, avait lancé au Premier ministre qu’il «n’aurait pas dû [se] rendre à Pau pour conserver un mandat, mais à la réunion de crise de l’Elysée pour assumer [son] nouveau rôle». François Bayrou s’était justifié en invoquant la nécessité de ne pas «séparer la province et le cercle des pouvoirs à Paris», un de ses chevaux de bataille. «Pau, c’est en France […] J’étais aussi à ma place de citoyen», avait-il plaidé.