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Libération
Assemblée nationale

François Bayrou échappe à une nouvelle motion de censure de La France insoumise

Les insoumis voulaient dénoncer, ce mercredi 4 juin, le recours à la motion de rejet, récemment utilisée par le bloc central pour contourner les débats à l’Assemblée. Mais les voix du PS et du RN ont manqué pour faire tomber le gouvernement.
Le Premier ministre, Francois Bayrou, à l'Assemblée mardi 3 juin. (Xose Bouzas/Hans Lucas. AFP)
publié le 4 juin 2025 à 17h25

Près de quatre mois que le Premier ministre n’avait pas fait face à une motion de censure. Jusqu’à ce que La France insoumise en dépose une nouvelle, la septième, examinée ce mercredi 4 juin par les députés. Elle a été rejetée par l’Assemblée nationale, ne rassemblant que 116 voix, loin des 289 suffrages nécessaires pour renverser le Premier ministre. Les insoumis avaient déposé leur motion le 30 mai, soit quatre jours après l’adoption d’une motion de rejet à l’initiative du bloc central, contre un texte qui venait pourtant de son propre camp : la loi Duplomb qui prévoit notamment la réintroduction des pesticides néonicotinoïdes.

La manœuvre répondait au fait que les députés LFI et Les Ecologistes avaient respectivement déposé 1 500 et 800 amendements pour empêcher le vote de la loi, quitte à provoquer la colère de certains agriculteurs. Ce que la droite et l’extrême droite ont évité en rejetant le projet de loi pour l’envoyer directement en commission mixte paritaire (CMP). Le même scénario s’est d’ailleurs reproduit lundi lors de l’examen du texte devant permettre de sécuriser juridiquement le chantier de l’autoroute A69. Un «coup de force antidémocratique» selon La France insoumise qui s’est donc insurgée contre ce qu’elle dénonce comme un «49.3 parlementaire».

La loi Duplomb au cœur des débats

Si le résultat ne faisait aucun doute avant le vote, le PS et le RN ayant annoncé qu’ils ne voteraient pas la censure, au sein de LFI, on espérait surtout «donner de la visibilité à la mobilisation contre la loi Duplomb et plus globalement contre les régressions environnementales». Les orateurs appelés au perchoir pour donner la position de leur groupe parlementaire ont ainsi profité de leur tribune pour revenir sur cette loi.

Face à une assemblée des plus clairsemées, la députée LFI Mathilde Hignet a ouvert le bal en dénonçant une «loi pesticide», à l’instar de sa collègue écologiste Sophie Taillé-Polian quelques minutes plus tard. «Votre loi poison est aussi contre la science, elle est la première pierre du trumpisme à la française», s’est inquiétée l’élue du Val-de-Marne. De l’autre côté de l’hémicycle, les députés du «bloc central», de la droite et de l’extrême droite ont eux aussi pris la parole pour jouer la partition des défenseurs de la ruralité et d’une «une agriculture libre, compétitive, respectée et fière», selon le député LR Guillaume Lepers.

Les socialistes préfèrent le «choix du bon sens»

La socialiste Mélanie Thomin, qui avait fait partie des quelques députés PS qui s’étaient prononcés en faveur des motions de censure déposées par LFI lors des discussions sur le budget, a cette fois pris la parole pour confirmer que son groupe ne suivrait pas l’initiative des insoumis. Malgré son opposition à «un texte qui n’apporte aucune réponse concrète aux préoccupations de fond des agriculteurs», la députée du Finistère a estimé que la censure n’était «pas la bonne réponse».

Essuyant quelques invectives venues des rangs insoumis, Mélanie Thomin a expliqué que «les socialistes font le choix du dialogue, du bon sens et des propositions», tout en assurant que le PS n’hésiterait pas à recourir à la censure si le gouvernement ne respectait pas ses engagements.

«L’Assemblée est invitée à voter contre l’Assemblée»

Comme les orateurs du «bloc central» et de l’extrême droite, qui ont dénoncé les multiples amendements déposés par les insoumis contre la loi Duplomb et le recours à la motion de censure, François Bayrou a pris la parole pour les accuser de recourir à une «tactique méthodique et constante, permanente de l’obstruction, du blocage, c’est-à-dire, au bout du compte, de l’immobilisme». Le Premier ministre estimant que cette motion de censure avait un caractère exceptionnel puisque «c’est la première fois que l’Assemblée est invitée à voter contre l’Assemblée nationale».

Ce n’était, en tout cas, pas la première qui visait François Bayrou depuis son arrivée à Matignon. Six motions de censure avaient déjà été déposées avant celle de ce mercredi. La dernière en date remontait au 19 février. Toute la gauche avait alors voté en faveur du texte déposé par les socialistes, échouant malgré tout à renverser le gouvernement. Les voix du RN et de ses alliés avaient en effet manqué pour réserver à François Bayrou le même sort que Michel Barnier, censuré le 4 décembre, trois mois seulement après sa nomination.