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Budget 2026 : François Bayrou imagine un référendum sur «un plan d’ensemble» de réduction des déficits

Le Premier ministre avance une hypothèse pour espérer résoudre le casse-tête budgétaire, dans une interview au «JDD» publiée ce samedi 3 mai au soir. Tout en précisant que la décision d’organiser un référendum appartient au seul Emmanuel Macron.
François Bayrou à l'Assemblée nationale, le 30 avril 2025. (THOMAS SAMSON/AFP)
publié le 3 mai 2025 à 20h24

Après la (longue) présentation initiale du sujet il y a deux semaines, voici l’éventuelle deuxième partie du plan d’attaque du budget 2026. Le Premier ministre François Bayrou a évoqué la possibilité de tenir un référendum sur «un plan cohérent, avec des propositions claires, lisibles» visant à réduire les déficits et la dette, dans un entretien au bolloréen Journal du Dimanche (JDD) mis en ligne samedi soir.

«C’est un plan d’ensemble que je veux soumettre, il demandera des efforts à tout le monde, et par l’ampleur qui doit être la sienne, il ne peut réussir si le peuple français ne le soutient pas», a souligné le centriste.

François Bayrou a aussi bien pris soin de rappeler qu’«un référendum ne peut être décidé que par le président de la République» Emmanuel Macron. «Le gouvernement propose, le président décide. Mais la question de l’adhésion des Français aux réformes est bien la question centrale», a-t-il poursuivi. Auprès de France Télévisions, cité par France Info, l‘Elysée a précisé samedi soir qu’il s’agissait à ce stade d’une «hypothèse».

Lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre, le chef de l’Etat avait laissé entendre qu’il pourrait utiliser cet outil constitutionnel, l’un des plus puissants encore à sa disposition. «En 2025, nous continuerons de décider et je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets déterminants», avait déclaré Emmanuel Macron.

Le gouvernement de François Bayrou, qui est parvenu dans la douleur à faire adopter les budgets 2025 de l’Etat et de la Sécurité sociale en début d’année, en échappant à une série de motions de censure, est désormais engagé dans la préparation du budget pour 2026. Il estime qu’il lui faut trouver 40 milliards d’euros pour respecter ses objectifs de réduction du déficit public de 5,4 % du Produit intérieur brut (PIB) cette année à 4,6 % l’an prochain.

«Des solutions précises, avec un objectif clair»

Dans cet entretien au JDD, le chef du gouvernement reprend les éléments de son diagnostic exposé lors d’une conférence sur les finances publiques le mois dernier. Il avait alors promis de faire connaître avant le 14 juillet ses choix budgétaires pour 2026. «Notre pays a devant lui deux défis massifs, les plus lourds de son histoire récente : une production trop faible et une dette écrasante», a-t-il appuyé ce samedi. «Il faut un plan complet de retour à l’équilibre. Un volet production et un volet finances publiques. Les deux sont indispensables», assure-t-il.

François Bayrou estime que son plan «doit proposer des solutions précises, avec un objectif clair : être moins dépendant de la dette dès cette année, et à l’horizon de quatre ans, revenir sous le seuil des 3 % de déficit public». «Cela passera par une baisse déterminée des dépenses. Par la simplification. Par une meilleure efficacité de l’État et de l’action publique en général», a-t-il mis en garde, tout en réaffirmant que «la solution n’est pas dans de nouveaux impôts».

Par cette idée de référendum, le Premier ministre cherche à contourner les blocages liés notamment à l’absence de majorité à l’Assemblée nationale. «Quand on réforme par les voies classiques, par le passage en force, que se passe-t-il ? Le pays entre en grève, les manifestations s’enchaînent, et personne ne sait si ceux qui défilent connaissent vraiment le contenu de ce qu’ils contestent», estime-t-il. Ça, et le fait de risquer d’être éjecté de son précieux fauteuil à Matignon par une motion de censure des députés.