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Libération
Duel

François Ruffin propose un débat à Raphaël Glucksmann et l’accuse de «raconter des âneries» sur ArcelorMittal

L’ex-député insoumis souhaite débattre avec l’eurodéputé proche du PS sur la question du sidérurgiste en grande difficulté. Le premier défend une nationalisation tandis que le second préfère tabler sur une conditionnalité des aides.
François Ruffin devant la siège d ArceloMittal, à Saint-Denis, le 13 mai 2025. (Bastien Andre/Hans Lucas.AFP)
publié le 20 juin 2025 à 19h12

Les deux gauches vont-elles se rencontrer ? Le député de la Somme François Ruffin, candidat déclaré à une éventuelle primaire de la gauche présidentielle, a publié ce vendredi 20 juin une lettre adressée à un autre candidat putatif à l’élection de 2027, le député européen Raphaël Glucksmann. Double objectif : lui proposer un débat autour de la question du travail, tout en lui reprochant de «raconter des âneries» sur ArcelorMittal.

Dans sa missive, le fondateur de Picardie Debout, très investi sur la question sociale et pourfendeur du libre-échange, reproche au fondateur de Place Publique, proche du Parti socialiste, de s’être prononcé le mois dernier contre une nationalisation d’ArcelorMittal, proposition largement portée à gauche.

«Avec quels ouvriers d’Arcelor en avez-vous discuté ?»

Dans le Monde le mois dernier, Raphaël Glucksmann avait estimé à propos du sidérurgiste que «la nationalisation n’est pas la solution dans cette situation précise. L’enjeu, c’est la conditionnalité des aides, car il est inadmissible qu’une entreprise reçoive 800 millions d’euros de l’Etat puis délocalise les emplois».

«Vos réserves sur la nationalisation, je n’en suis pas choqué. Je me suis moi-même avancé sur ce chemin avec prudence : dans ma conception, l’Etat doit faire faire, et non faire», lui a répondu François Ruffin qui précise qu’il n’avait jamais, jusqu’ici, prôné la nationalisation dans ses luttes pour sauver des emplois dans les usines amiénoises de Goodyear ou Whirlpool.

Mais ici, «il s’agit de l’acier, indispensable à toute industrie, d’automobile, d’agro-alimentaire, d’armement, etc», ajoute François Ruffin, qui fait de la nationalisation «un début de solution» en parade au «sous-investissement», au manque d’entretien des «sites stratégiques» et aux «délocalisations». L’ancien insoumis, au reste, reproche au député européen de s’exprimer sans avoir pris le temps d’échanger avec les principaux intéressés : «Avec qui, avec quels ouvriers d’Arcelor en avez-vous discuté ?»

Glucksmann et «le Paris des sachants»

Le désaccord, poursuit le journaliste, porte sur «une attitude politique, sur une manière de faire». Il définit la sienne par le fait d’être «avec les gens, à leurs côtés, les écoutant, leur répondant», en miroir de celle de Raphaël Glucksmann, à qui il reproche de la «distance, avec une forme d’arrogance, depuis le Paris des sachants, avec une position d’aplomb». «Peut-être accepteriez-vous, au moins, un débat sur ce thème qui vous est désormais cher, et même prioritaire : le travail», ajoute François Ruffin.

Un moyen de reprocher à celui qui se voit porter la social-démocratie à l’Elysée de balayer une primaire de la gauche hors LFI, comme évoquée notamment par le patron du PS Olivier Faure. L’année dernière, les deux hommes, tous les deux opposés à Jean-Luc Mélenchon, avaient déjà échangé sur leurs désaccords par lettres ouvertes interposées.

«Je me transforme en agence postale», ironise vendredi François Ruffin dans sa lettre. La semaine dernière, il avait déjà écrit à un autre candidat potentiel pour 2027 : l’ancien Premier ministre Edouard Philippe. Et il avait obtenu une réponse du maire du Havre et patron du parti de centre droit Horizons, ressuscitant le temps de l’échange un clivage gauche-droite qui a finalement de beaux jours devant lui.