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Raquel Garrido et Alexis Corbière employeurs d’une femme de ménage sans papiers? «C’est de la folie»

Le couple de députés insoumis est accusé d’avoir fait travailler une employée de maison sans titre de séjour. Ils démentent fermement auprès de «Libération» et laissent leur avocat riposter «judiciairement». Face aux «erreurs dans son article, «le Point» a décidé de le retirer.
Alexis Corbière et Raquel Garrido, à Béziers, le 14 août 2020. (Alain Robert/Sipa)
publié le 22 juin 2022 à 19h41
(mis à jour le 23 juin 2022 à 14h21)

Mercredi après-midi, on retrouve Raquel Garrido et Alexis Corbière dans un bureau de l’Assemblée nationale. Le couple d’insoumis, à peine élue – pour elle – et réélu – pour lui – dimanche 19 juin au second tour des législatives, est abasourdi. Ils n’en reviennent pas. Ils regardent leur téléphone. Les messages pleuvent – des journalistes et des proches. Raquel Garrido tente de joindre la direction du Point pour demander un droit de réponse. Quelques heures plus tôt, un article sorti dans l’hebdomadaire les accuse d’employer une femme de ménage sans titre de séjour. «C’est faux, tout est faux», répètent-ils à plusieurs reprises. «Nous n’en avons pas. Venez à la maison, tout est en désordre», tentent-ils de se justifier auprès de Libération. Et ne trouvent guère plus de mots «tellement tout est faux».

Celle qui est évoquée par le journal comme «bonne à tout faire» aurait été contrôlée par la police il y a quelques semaines, alors qu’elle se promenait dans les rues de Paris avec la plus jeune enfant du couple. Décrite comme «une Algérienne de 36 ans, arrivée en France en 2008 grâce à un visa étudiant», la femme de ménage aurait été contrainte de présenter son passeport algérien, faute de titre de séjour français. Raquel Garrido se lève : «Notre fille contrôlée dans la rue avec une Algérienne de 36 ans, c’est quoi ce délire ?» Ils s’interrogent et cherchent des scénarios. Les mots «piège» et «folie» reviennent souvent.

«Ramassis de mensonges»

Si l’article ne contient pas les preuves des échanges, le journaliste à l’origine de l’article a publié dans la foulée sur son compte Twitter de douteuses captures d’écran de SMS, présentés comme ceux envoyés par Raquel Garrido à son employée. «On te met un toit sur la tête, on te fait travailler donc soit tu es reconnaissante, soit je prends quelqu’un d’autre. Maintenant stop», aurait ainsi écrit l’avocate nouvellement élue à l’Assemblée. Le couple lui aurait promis des «papiers en cas d’élection de Jean-Luc Mélenchon à la présidence de la République ou s’il devient Premier ministre». Raquel Garrido aurait envoyé à son employée : «Je te dis de rester, tu restes, si ça ne te va pas, il y en a plein dans ton cas qui veulent travailler, mais tu peux oublier tes papiers.» Le Point relate aussi un épisode, où l’employée aurait demandé à sa patronne d’être payée. Elle se serait alors vu répondre : «Monsieur te donnera 150 euros pour la semaine, on verra le reste après.» La députée de Seine-Saint-Denis jure «découvrir» les messages. Un «montage», dit-elle et ce n’est pas sa «photo de profil».

Dans l’article mis en ligne mercredi, Raquel Garrido nie tout ce qui lui est reproché et concède avoir «recruté de l’aide pendant les campagnes électorales». Mais promet que cela s’est fait «à chaque fois avec des personnes disposant de papiers, et bien sûr avec les déclarations Urssaf afférentes». Dans leur communiqué, le couple rejette tout en bloc. Ils parlent d’un «ramassis de mensonges», d’une «nouvelle opération de calomnie».

A Libération, Alexis Corbière, posé sur une chaise, insiste : «Tout est faux. Faux, faux, faux.» «Nous n’avons pas d’appartement à Paris, explique-t-il. Nous avons trois enfants. Notre petite dernière, âgée de 9 ans, ne se promène pas à Paris seule avec une dame qu’on ne connaît pas, nos enfants sont à l’école à Bagnolet et nous n’avons pas de femme de ménage.» L’auteur de l’article maintient ses informations. Les deux députés ont désormais chargé leur avocat, Me Xavier Sauvignet, de riposter «judiciairement à cette attaque» pour débusquer le vrai du «faux, faux, faux».

Finalement, ce jeudi par un communiqué publié sur Twitter, le directeur de la rédaction du Point, Etienne Gernelle, a fait savoir que «les vérifications complémentaires que nous avons menées nous ont révélé que des erreurs et manquements à la prudence avaient été commis» et que l’hebdomadaire retirait donc l’article pour poursuivre «l’enquête pour comprendre ce qui s’est passé». Mise à jour ce jeudi, à 14 h 20, avec l’ajout du communiqué du directeur de la rédaction du Point.