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Libération
Au comptoir de Chez Pol

Gérald Darmanin plombe une opération de police en un tweet

Indiscrétions piquantes, maladresses vaches ou douces confessions : chaque jour, retrouvez les brèves qui auscultent le monde politique.
Lem inistre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à Beynes (Yvelines) le 18 mars 2024. (Gonzalo Fuentes/REUTERS)
publié le 3 avril 2024 à 11h57

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Ministre pas net

S’il était un personnage de BD, Gérald Darmanin serait peut-être le policier Dupont, dans Tintin. Ou Dupond, au choix. Il faudrait en tout cas mettre en avant, outre ses positions très à droite, sa manière de parfois faire n’importe quoi. Exemple mardi avec ce tweet du ministre de l’Intérieur, évoqué par le Canard enchaîné : «Tôt ce matin, trois nouvelles opérations antidrogue “Place nette XXL” ont été lancées à Toulouse, Strasbourg et Nantes : des dizaines d’interpellations judiciaires seront effectuées. Notre détermination à lutter contre la drogue, ses réseaux et son argent sale est totale, loin des discours défaitistes.» Léger problème cependant : l’opération de Strasbourg n’était pas prévue mardi mais… ce mercredi matin, a indiqué la préfecture du Bas-Rhin avant de rétropédaler et de s’aligner sur les propos du boss, avance RTL. «C’est une bourde XXL, juge de son côté le député LFI Emmanuel Fernandes. Les trafiquants, les guetteurs sont sans doute à l’heure qu’il est en train de faire place nette pour ne pas être interpellés. C’est un niveau d’incompétence assez abyssal.» Interrogé par BFM Alsace, le syndicat Unité SGP Police évoque de son côté un gros couac. «Annoncer une opération avant qu’elle ait commencé sur Strasbourg inquiète les collègues, car ils seront attendus lors de leurs opérations à venir», indique le secrétaire départemental adjoint du syndicat, Xavier Dupin. C’est ce qu’on appelle du bon boulot.

Insoumission macroniste

On vous racontait mardi comment une petite fronde se levait dans la majorité contre le seigneur de Bercy Bruno Le Maire, et sa potion amère de rigueur budgétaire sans envisager de hausse d’impôts. Eh bien c’est au tour de Gabriel Attal de faire face à la mauvaise humeur des troupes macroniennes. Car ces dernières estiment que sa réforme de l’assurance chômage pour restreindre encore davantage l’accès aux allocations, en pleine campagne des européennes, n’est pas une très bonne idée. «A force de faire ça, on va envoyer tout le monde au RN», s’est par exemple alarmé le député Renaissance Ludovic Mendès en réunion de groupe, selon le Parisien. Alors que même la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, se prononce contre cette réforme, Attal s’est aussi emporté contre la figure de «l’aile gauche», le président de la commission des lois, Sacha Houlié : «[Celui] qui parle de cette réforme comme d’une mesure d’économies, c’est toi Sacha.» Sauf que quand on a du mal à convaincre sa propre majorité, déjà rabougrie au Parlement, les choses ne sont pas très bien emmanchées. De son côté, Le Maire persiste et signe dans les Echos : «Pourquoi nous n’augmenterons pas les impôts.» C’est ce qui s’appelle être ouvert aux propositions.

The Russians

Combattre l’extrême droite en adoptant sa rhétorique et parfois même son projet, comme lors du vote de la loi immigration en décembre ? Voilà la stratégie que la gauche reproche souvent au camp présidentiel. Qui semble plus ou moins l’assumer, puisqu’une enquête de Mediapart a provoqué mardi la démission du conseiller «discours, prospective et opinion» de la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot. Que trouve-t-on dans cette enquête ? Le CV de cette plume de l’exécutif, chargé selon le média en ligne, de la riposte contre l’extrême droite. Univers qu’Alexis Bétemps connaît bien pour avoir été son relais sur les réseaux sociaux entre 2015 et 2021, avec des partages de post de personnalités allant de Marine Le Pen à Renaud Camus. Le communicant de 32 ans, embauché par l’ex-porte-parole du gouvernement Olivier Véran en octobre 2023, a également été chef d’édition de la chaîne pro-russe Russia Today (RT) France, et a admis auprès de Mediapart avoir fréquenté «les milieux d’extrême droite et d’extrême gauche», tout en confessant «une attirance» pour les idées d’Alain Soral. On appelle ça mal combattre le mal par le mal.

Le mot : «Nulles»

Du nouveau à l’Assemblée ce mercredi avec la mise en place d’une séance de questions au Premier ministre, qui répondra donc seul, depuis l’hémicycle et pendant quarante-cinq minutes, aux questions des députés. Un exercice inédit qui mettra l’occupant de Matignon en première ligne. A droite, on est plutôt satisfait de ce changement d’organisation qui pourrait donner un petit coup de peps aux QAG. A gauche, on est plus circonspect. «Ce nombrilisme accélère la dégénérescence de la Ve République», commente sur X l’Insoumis Alexis Corbière. De son côté, le socialiste Arthur Delaporte, dans le Figaro, raille cette nouvelle disposition. «Sur le principe, nous n’y étions pas hostiles, d’autant que les réponses des ministres sont souvent nulles et insignifiantes, commence-t-il de manière très urbaine à l’égard des membres du gouvernement. Mais j’ai peur qu’il y ait un trop grand déséquilibre de temps de parole entre les oppositions et le Premier ministre, qui aura toujours le dernier mot.» C’est un des risques potentiels, en effet.

Et sinon…

Jordan Bardella continue de s’en foutre royalement des débats pour les européennes. Après avoir séché celui de Public Sénat, il a décidé de ne pas participer, non plus, à la joute organisée par France 24 et RFI le 10 avril. Une information du Parisien confirmée par l’AFP. Rappelons que le président du RN a en revanche accepté de débattre avec Manuel Valls sur le Figaro TV.