Un cri. «C’est Rocard !» La dame a de bons yeux. La Renault 20 gris métallisé s’arrête devant les portes de l’Elysée, et Michel Rocard en sort, avec un grand sourire, comme si la cocarde tricolore qui ornait le parebrise du véhicule tenait du gag. Il est 9 h 47 et les rues avoisinantes sont presque vides. Deux cents, peut-être trois cents personnes qui se pressent contre les barrières métalliques, en applaudissant quand les visages connus passent le portail célèbre. Des hourras et des applaudissements. «Qui c’est ça ?» demande un gamin. Son père hausse les épaules. «Sûrement du PS.» Pierre Mauroy sort de sa voiture tandis que les spectateurs scandent son nom. La garde républicaine salue le bientôt ministre qui passe.
Sifflets
François Mitterrand avait quitté la rue de Bièvre, peu après 9 heures, son légendaire Pierre au volant, escorté par douze motards. Lui a été reconnu par tout le monde. «Ça fait quand même près de vingt-cinq ans qu’on le voit, on s’est habitué à lui.» Dans un concert de sifflets et de hurlements, Olivier Guichard entre dans le temple suivi par Gaston Monnerville, «plus petit que sur les photos». «Tiens, voilà ce salaud», montre un jeune. Le «salaud», c’est Jacques Chirac, superbe, hilare et bronzé. Il est 9 h 58 et rien ne le fait frémir. Ni les insultes ni les cris. Il découvre une belle rangée de dents blanches et fait un petit salut victorieux. «Tu es sûr qu’il a bien compris les résultats ?» dit une lycéenne en