Le bateau de l’alliance entre la macronie et la droite continue à tanguer. Gabriel Attal, qui était devenu lors de sa nomination en janvier dernier le premier chef de gouvernement français ouvertement homosexuel, a fait état ce dimanche 22 septembre de «désaccords de fond» avec certains ministres de droite fraîchement nommés par Michel Barnier. Entre autres : des soutiens de la première heure à la Manif pour Tous et à l’interdiction de toute transition de genre chez les mineurs, des opposants au mariage pour tous, à la PMA, à la constitutionnalisation de l’IVG… «Je demanderai au Premier ministre d’affirmer clairement dans sa déclaration de politique générale qu’il n’y aura pas de retour en arrière sur la PMA, le droit à l’IVG, les droits LGBT», a tonné Gabriel Attal lors d’une réunion avec ses troupes au lendemain de l’annonce des 39 nouveaux ministres.
Réactions
Le chef de file des députés Ensemble pour la République (EPR) a ajouté que le groupe macroniste à l’Assemblée restera «fidèle à ses valeurs et libre dans ses prises de position». En cause notamment, l’arrivée au ministère de l’Intérieur de Bruno Retailleau (Les Républicains), au profil très conservateur sur les sujets de société et très ferme sur l’immigration. Pressentie initialement au ministère de la Famille, la sénatrice de droite Laurence Garnier, opposée au mariage homosexuel et à la constitutionnalisation de l’IVG, avait été écartée par Emmanuel Macron. Mais elle réussit malgré tout à faire son entrée au gouvernement, en obtenant le poste de secrétaire d’Etat à la Consommation.
La liste est encore longue. Le député des Républicains Patrick Hetzel, qui avait voté en 2013 contre le mariage pour tous, est promu à l’Enseignement supérieur. Egalement opposé à l’union des personnes de même genre, Othman Nasrou est nommé, aussi incongru que cela puisse paraître, secrétaire d’Etat chargé de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations. Annie Genevard, nouvelle ministre de l’Agriculture, a elle aussi voté contre le mariage pour tous, la PMA et l’inscription de l’IVG dans la Constitution.
Outre les enjeux de société, Gabriel Attal avait déjà exigé, plus tôt dans la semaine, une clarification de la ligne politique de Michel Barnier concernant «d’éventuelles hausses d’impôts». Les députés macronistes avaient menacé de ne pas participer à un gouvernement prévoyant des hausses d’impôts malgré le dérapage de la dette et des déficits et la délicate préparation du budget 2025. Gérald Darmanin avait lui aussi affirmé qu’il est «hors de question» de soutenir un gouvernement qui augmenterait les impôts.