«Un gouvernement réactionnaire en forme de bras d’honneur à la démocratie. Rendez-vous pour le débat de censure.» En un tweet lapidaire, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a résumé samedi soir la position de la gauche sur la composition de l’équipe gouvernementale de Michel Barnier. Il faut dire qu’avec dix ministres issues des franges les plus dures des Républicains, une douzaine de portefeuilles pour Ensemble pour la République et une unique «caution de gauche», la promesse d’un gouvernement «équilibré, représentatif, pluriel» est loin d’être tenue.
«Suspense de papier»
Lucide, François Hollande a fustigé auprès de France Bleu Limousin un «attelage qui paraît déjà brinquebalant» et «tient sa survie au Rassemblement national». Pour le député corrézien, la gauche ne doit pas tergiverser : «Il faut censurer [le gouvernement Barnier] et une motion de censure socialiste me paraît la bonne solution pour avoir un maximum de parlementaires qui s’y retrouvent.» L’ancien Président souhaite toutefois que la manœuvre soit «utile» pour permettre de «préparer la suite» et «avoir une solution à proposer» si le gouvernement Barnier tombe.
Quant à Didier Migaud, «caution de gauche» de ce très droitier gouvernement, Hollande tance : «Il a depuis longtemps abandonné toute affiliation avec le Parti socialiste et la gauche.» Ce dimanche 22 septembre, Olivier Faure a enfoncé le clou au micro de France 3, dénonçant «le gouvernement le plus à droite de la Ve République». Le député de Seine-et-Marne a confirmé que le groupe socialiste allait déposer une motion de censure à l’Assemblée nationale.
«On nous promettait un gouvernement de concorde, on a un gouvernement de droite dure. C’est la démocratie qui est humiliée ce soir avec la fin de ce suspense de papier», a réagi pour sa part Lucie Castets, la candidate du NFP pour Matignon. «Barnier n’a aucun avenir», a lancé de son côté Jean-Luc Mélenchon. Et d’assurer que «son destin promis est qu’il sera battu à l’Assemblée nationale, sans doute sur son projet de budget, et qu’il tombera à la faveur d’une motion de censure si ceux qui se disent de l’opposition continuent à l’être. Voilà la vérité». «On est passé du front républicain à l’affront républicain», s’est désolée, auprès du quotidien belge le Soir, Marine Tondelier.
«Les mots de l’extrême droite»
Parmi les ministres entrants, la personnalité et surtout les prises de position du LR Bruno Retailleau cristallisent la colère des ténors de la gauche. Pour Olivier Faure, le sénateur vendéen «a été de tout temps de tous les combats contre le mariage pour tous, contre l’interdiction des thérapies de conversion ou contre la constitutionnalisation de l’IVG». Mathilde Panot, cheffe de file des députés insoumis à l’Assemblée, reproche au nouveau locataire de Beauvau «d’utiliser les mots de l’extrême droite en parlant de “Français de papier” et de “régression ethnique” dans les quartiers populaires».
Reste que malgré ses rodomontades, la gauche ne peut pas censurer à elle seule le gouvernement et cela même si elle pouvait compter sur le soutien du groupe Liot, qui a annoncé samedi soir «rester dans l’opposition», ce qui est loin d’être garanti. Seul le soutien du Rassemblement national à cette motion de censure pourrait faire tomber le gouvernement Barnier. Le parti d’extrême droite reste le maître du jeu.