Bruno Retailleau restera-t-il au ministère de l’Intérieur, comme il l’espère, sous un gouvernement Bayrou ? L’homme fort de LR a été le premier responsable politique que François Bayrou, a peine nommé Premier ministre, a reçu vendredi soir, juste après sa passation de pouvoir avec Michel Barnier. Et son premier casse-tête. Car le locataire de Beauvau lui a demandé des «garanties» pour participer au gouvernement, notamment sur l’immigration, a indiqué son entourage à l’AFP. Alors que justement, sa présence et sa politique en la matière sont des chiffons rouges pour le PS, fragile allié indispensable pour éviter la censure, pour qui «la continuation de la même politique aura la même sanction».
Avant leur rencontre, l’entourage du ministre démissionnaire avait assuré qu’il allait demander à «être confirmé dans la feuille de route qui était la sienne» sous Michel Barnier, en citant «la lutte drastique contre l’immigration illégale» et la «réduction de l’immigration légale au strict nécessaire». Des points selon lui «non négociables». Bruno Retailleau souhaite aussi avoir les «moyens» pour continuer à «lutter contre l’insécurité et notamment le narcotrafic».
La présence de Bruno Retailleau incarnerait le soutien de LR au gouvernement Bayrou. Les macronistes demandaient d’ailleurs son maintien, à l’image de la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, qui a salué dimanche sur RTL un «homme de convictions, de valeur. Nous partageons les mêmes». Et estimé qu’il serait opportun qu’il reste en poste. Alors que pour la gauche, Retailleau fait office de repoussoir : l’incarnation d’une droite libérale conservatrice assumée. «Bruno Retailleau qui mène la politique de Bruno Retailleau, ce n’est pas possible pour nous», estimait Boris Vallaud, chef de file des députés PS, lundi sur LCP. A voir si le ministre démissionnaire pourrait accepter de renoncer à la nouvelle loi immigration qu’avait promise le gouvernement Barnier avant la censure, au profit d’une simple réforme régalienne plus consensuelle, comme la proposition de loi sénatoriale contre le narcotrafic, concoctée par un sénateur PS et un LR.
François Bayrou devra déployer des trésors de diplomatie pour concilier ces contraires. Pour former son gouvernement, il enchaînera les rencontres dès ce week-end, à commencer par la présidente de l’Assemblée et le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher.