François Bayrou va pouvoir profiter de la douceur estivale sans se soucier d’inventer chaque jour une nouvelle astuce pour gagner du temps. Car le Rassemblement national a semble-t-il décidé de ne pas le renverser avant, au moins, la rentrée, et l’examen du projet de loi de finances pour 2026. Alors que le député de la Somme Jean-Philippe Tanguy avait déjà laissé entendre dimanche sur France Inter que l’échec du conclave sur la réforme des retraites n’était pas un motif suffisant pour que les troupes de Marine Le Pen joignent leurs voix à celles de la motion de censure portée par la gauche, Sébastien Chenu clarifie encore davantage leur position.
«Le rendez-vous de la censure, c’est à l’automne, c’est au moment du budget», a posé le vice-président de la formation d’extrême droite ce mercredi 25 juin sur France Inter, arguant que ce répit devait constituer «un avertissement» pour le locataire de Matignon. Le patron des députés PS, Boris Vallaud, a annoncé la veille que son parti allait déposer une motion de censure pour protester contre le refus de François Bayrou de soumettre la réforme des retraites au Parlement, comme il l’avait promis par écrit pour obtenir leur non-censure en février, après le constat de l’échec du conclave des partenaires sociaux lundi. Vraisemblablement examiné en début de semaine prochaine, le texte devrait être voté par l’ensemble des députés de l’ancien Nouveau Front populaire (NFP). Mais Sébastien Chenu fait valoir l’inefficacité, selon lui, de cette démarche.
«C’est un coup pour rien»
«Si nous censurons dans les jours qui viennent François Bayrou, la réforme des retraites, elle demeure, c’est un coup pour rien […]. Quel est le gain politique que nous avons ? A part mettre le bazar avant l’été, il n’y a pas de gain», a-t-il expliqué. La lucidité oblige à souligner que le RN n’a pas pour objectif de faire de la réforme des retraites un casus belli, tout occupé qu’il est à s’habiller de respectabilité auprès des milieux économiques, notamment patronaux.
«Alors qu’au moment du budget, à l’automne, nous allons pouvoir demander à François Bayrou de bouger des lignes, que ce soit sur l’énergie par exemple ou sur la politique migratoire», a ajouté Sébastien Chenu. Numériquement, les voix de la gauche ne suffisent pas à faire adopter une motion de censure. Le bail du Palois à Matignon devrait donc être prolongé. Pour l’instant.