Le ton de Marc Fesneau, le chef de file des députés Modem, à l’attention du Premier ministre, s’est nettement adouci en l’espace de quelques heures. Dans un courrier qu’il a fait parvenir samedi 4 octobre à Sébastien Lecornu, Marc Fesneau indiquait que son groupe devait «connaître [sa] méthode, [son] approche sur le fond et l’architecture gouvernementale envisagée», et que ce serait «sur cette base» que pourraient être indiquées «les modalités du soutien que [leur] groupe pourra apporter» à son gouvernement. Il ajoutait : «Pour s’engager sincèrement, il faut savoir ce sur quoi, sincèrement, on nous demande de nous engager.»
Dimanche, à midi, la tension était retombée. Non, cette lettre n’était pas un «coup de sang». Non, le Modem n’est pas adepte «du chaos». Non, le parti n’exerce pas «un chantage à la participation au gouvernement» (sous-entendu à la différence des LR ces dernières heures) ni un chantage à la dissolution, a éclairci d’emblée le même Marc Fesneau sur le plateau de Questions politiques (France Inter, France Info, Le Monde). Entre-temps, dans la nuit, Sébastien Lecornu avait fait parvenir sa feuille de route au socle commun. Un inventaire des priorités, à commencer par le budget, qui n’a néanmoins pas tout à fait satisfait le Modem, qui évoque «des pistes et des orientations» et le besoin «d’en savoir un peu plus dans le détail», notamment lors de la déclaration de politique générale que le Premier ministre doit prononcer mardi 7 octobre à l’Assemblée nationale.
Grandes lignes et postes gouvernementaux
Avant de s’engager dans les discussions parlementaires sur le projet de loi de finances pour 2026, qui commenceront la semaine du 13 octobre, dont les grandes lignes sont distillées au compte-gouttes par Matignon, Marc Fesneau veut que les cinq partis formant le socle commun (le sien, Renaissance, Les Républicains, Horizons et l’Union des démocrates et indépendants) soient «au clair» sur ce qu’ils comptent faire en matière de fiscalité, de pouvoir d’achat, de réduction des dépenses. Il faut, selon le député du Loir-et-Cher, «consolider un socle» afin de pouvoir mener «les discussions avec la gauche de gouvernement», à savoir le Parti socialiste.
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En coulisses aussi, se joue la répartition des postes gouvernementaux. «Le Modem râle parce qu’il n’a pas de place au gouvernement», soutient un proche du chef de l’Etat. Dans le gouvernement Bayrou, le Modem avait trois postes : celui de Premier ministre, celui des affaires étrangères avec Jean-Noël Barrot et celui des relations avec le Parlement, Patrick Mignola. Dans celui de Sébastien Lecornu, il pourrait ne garder que le Quai d’Orsay (Marc Fesneau a indiqué ne pas y entrer). «Sébastien Lecornu a fait passer le message que le Modem a déjà le Quai d’Orsay et que c’était déjà beaucoup», confie un député centriste.
Le Modem, comme les LR et Horizons d’ailleurs, doit se réunir en début d’après-midi pour décider de son attitude. A gauche, écologistes, socialistes et insoumis se sont tous dit prêts dimanche matin à déposer une motion de censure.