Parti pour rester, Gérald Darmanin rempile bel et bien au ministère de la Justice. Nommé à ce poste en décembre 2024, sous l’autorité de François Bayrou, ce poids lourd de la Macronie y est confirmé par le Premier ministre, Sébastien Lecornu, un de ses «amis». Le fond de l’air est lourd. La condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement pour son rôle dans l’affaire libyenne a de nouveau libéré un flot d’attaques contre les magistrats, et Gérald Darmanin est attendu par ses troupes. Samedi 27 septembre, il avait condamné «sans aucune réserve» les «intimidations et les menaces de mort qui touchent les magistrats», qualifiant ces faits d’«absolument insupportables en démocratie».
Sur son bureau place Vendôme, l’ex-locataire de la place Beauvau trouvera plusieurs dossiers. Celui de la lutte contre le narcotrafic d’abord, dans lequel il n’a pas hésité à communiquer tous azimuts, tout en défendant une loi répressive, adoptée au premier semestre. C’est désormais le sujet de la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, qui connaît les soubresauts les plus réguliers, avec notamment la mobilisation de détenus dénonçant leurs conditions de détention. Un second établissement de ce type doit ouvrir à Condé-sur-Sarthe (Orne) cet automne.
Une nouvelle réforme pénale à l’horizon ?
Avec quelque 84 000 personnes emprisonnées, la surpopulation carcérale reste évidemment un enjeu majeur. Chaque mois, les statistiques de la population carcérale se succèdent et les records sont sans cesse battus. Cet été, Gérald Darmanin a convié les plus hauts acteurs de la chaîne pénale et pénitentiaire en visioconférence, une fois par semaine en juillet. L’objectif ? Echanger sur les bonnes pratiques locales pour limiter les entrées en détention et favoriser les sorties. Parmi les pistes évoquées : privilégier les aménagements de peines tels que le bracelet électronique ou la semi-liberté, développer l’assignation à résidence avec surveillance électronique pour remplacer la détention provisoire…
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Mais une autre initiative estivale du Garde des Sceaux pourrait venir balayer cette ambition de désengorger les prisons : le projet de loi sur une réforme pénale que Darmanin souhaite présenter à l’automne. Dans ce texte, il souhaite revenir sur le principe d’aménagement obligatoire de certaines peines d’emprisonnement, réserver le sursis uniquement aux primo-délinquants ou encore rétablir les peines de moins d’un mois d’emprisonnement, qui avaient été supprimées en mars 2020, lors d’une précédente réforme des peines. Il souhaite aussi que la procédure de plaider-coupable, aujourd’hui possible pour certains délits, soit étendue aux crimes, et veut multiplier les cours criminelles sans jurés, pour réduire les délais de jugement.
Les âpres discussions autour du budget 2026 ne devraient, par ailleurs, pas manquer de réactiver les débats sur les moyens dévolus à la justice. Le prédécesseur de Gérald Darmanin, Didier Migaud, avait ainsi dû mettre dans la balance sa démission pour que soit gonflée l’enveloppe initialement prévue pour la place Vendôme par le gouvernement Barnier − 10,2 milliards pour 2025 − afin de s’approcher des sommes prévues par la loi de programmation pluriannuelle − 10,68 milliards.