Les LR resteront-ils au gouvernement ? Le couperet devait tomber ce samedi soir. «C’est ce soir que l’on saura en effet», a confirmé samedi matin sur franceinfo la porte-parole du parti Agnès Evren. «Le Premier ministre avait fourni une feuille de route à Bruno Retailleau. Celle-ci ne nous convient pas et donc nous nous reparlerons ce soir - députés, sénateurs, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez - pour déterminer notre participation ou non au gouvernement», a précisé la sénatrice de droite.
Il faudra pourtant attendre. Dans la soirée, samedi 4 octobre, le ministre démissionnaire de l’Intérieur et président du parti Bruno Retailleau a annoncé à ses parlementaires que «les échanges avec Matignon se sont poursuivis mais ont encore besoin d’être prolongés».
Depuis quelques jours, Les Républicains, qui ont intégré l’exécutif il y a un an avec la nomination de Michel Barnier, font planer le suspense. Ainsi, Bruno Retailleau avait fustigé jeudi lors d’une visio avec les parlementaires le manque d’engagements de Sébastien Lecornu sur l’immigration : «Il n’y a rien de rien», avait-il tancé, manifestement irrité de ne pas voir satisfaite sa demande de confier à Beauvau «toute la politique de visas», de revoir l’aide médicale d’Etat (AME) ou de rétablir le délit de séjour irrégulier.
«Il s’est braqué», confie un participant qui se demande si le ministre n’a pas haussé le ton après le récent sondage sur la présidentielle d’Ifop Fiducial qui «ne lui était pas favorable» (9 % à 13 % d’intentions de vote, selon les configurations).
Un autre témoin évoque une incompréhension du ministre face aux «quatre jours qu’a tardé Sébastien Lecornu à répondre aux exigences que lui avaient adressées lundi Les Républicains».
«Pas du bluff»
Une exaspération qu’il a manifestée publiquement peu après avoir été reçu à Matignon, dans les colonnes du Figaro, où il a prévenu que la participation des Républicains au prochain gouvernement n’était «à ce stade […] pas acquise du tout». Face à cette stratégie, un cadre du parti se demande : cela serait-il du «théâtre pour mettre la pression sur Sébastien Lecornu et rester en place en obtenant des concessions» ?
«Non, ce n’est pas du bluff», balaie un soutien du patron de LR, écartant qu’il fasse monter les enchères en agitant la menace de quitter l’exécutif ou qu’il cherche une nouvelle fois à prendre ses distances face à la macronie dont il a annoncé la fin cet été.
Analyse
«Sur la réduction de la dépense publique sans augmentation d’impôts, la revalorisation du travail au détriment de l’assistanat, et un meilleur contrôle de l’immigration, sur ce triptyque-là, nous attendons des engagements concrets de Sébastien Lecornu», explique Agnès Evren, qui prévient que LR ne peut «y aller à l’aveugle».
«S’il [Lecornu] cède à la gauche en augmentant les impôts au lieu de baisser la dépense publique, ce sera sans nous», insiste Agnès Evren, qualifiant de «pari risqué» la décision du Premier ministre de renoncer à l’utilisation du 49.3 pour échapper à la censure du PS.
Mise à jour à 20h11 avec le report de la réunion.