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Tensions

Guerre en Ukraine : pour Macron, le soutien français à Kyiv n’a «aucune limite»

Avant un vote à l’Assemblée le 12 mars, le président de la République a reçu ce jeudi 7 mars à l’Elysée les chefs des partis pour les sonder sur le soutien de la France à l’Ukraine.
Emmanuel Macron à l'Elysée, le 7 mars. (Christophe Ena/AP)
par Liza Cossard
publié le 7 mars 2024 à 16h48
(mis à jour le 7 mars 2024 à 18h56)

En recevant jeudi l’ensemble des chefs de partis politiques, Emmanuel Macron leur a déclaré que le soutien de la France à l’Ukraine n’avait «aucune limite». C’est ce qu’ont déclaré des responsables du PCF et du RN en sortant de cette réunion organisée avant le vote parlementaire du 12 mars sur l’accord d’aide militaire de 3 milliards d’euros signé avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

«Face à un ennemi qui ne se met aucune limite, nous ne pouvons nous permettre d’en formuler», a dit le président aux chefs des partis représentés au Parlement, réunis pendant 2H30 à huis clos à l’Elysée. Quant au Kremlin, il a accusé jeudi le président français «d’augmenter le niveau d’implication directe de la France» dans le conflit.

C’est à la France «de fixer des lignes rouges» et «de porter la voix de la paix», a déclaré Jordan Bardella à la suite de la rencontre. La position du RN était très attendue, longtemps jugée ambiguë sur le conflit. En déplacement mercredi 6 mars à La Haye, le Premier ministre, Gabriel Attal, a accusé le parti de Marine Le Pen de «soutenir davantage la Russie que l’Ukraine». En réponse, Jordan Bardella a jugé le Premier ministre «irresponsable» de comparer le RN à «une armée d’occupation étrangère». Toutefois, il ne s’est pas exprimé explicitement sur son vote concernant l’accord, même s’il s’est dit «en faveur» de cet accord sur le principe. Côté Les Républicains, Eric Ciotti a en revanche expliqué avoir «réaffirmé le soutien de [LR] à l’Ukraine».

Un débat qui s’annonce agité

Mercredi soir, le chef de l’Etat avait reçu ses deux prédécesseurs, François Hollande et Nicolas Sarkozy, sur le même sujet. François Hollande, qui a «beaucoup rencontré» Vladimir Poutine, a considéré que «nous devons tous livrer plus» d’armes à l’Ukraine. «Les Allemands [doivent] aller plus vite pour que leurs engagements soient tenus, les Français donner autant de matériel y compris les plus sophistiqués aux Ukrainiens, et les Européens plus largement ne pas simplement se délester du matériel qui n’est pas forcément le plus efficace», a-t-il mentionné.

Le débat à l’Assemblée risque d’être agité le 12 mars, LFI et le PCF s’opposant farouchement à l’accord, alors que Les Ecologistes et le Parti socialiste hésitent. Manuel Bompard, député LFI, a indiqué que son parti s’y opposerait s’il y «figure la perspective de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ou à l’Otan». «Pour nous, c’est non», a aussi affirmé Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. Selon lui, le chef de l’Etat est «prêt demain à s’engager dans une escalade guerrière qui peut être dangereuse».

Emmanuel Macron assume donc ses propos du 26 février quant à l’hypothèse de l’envoi de troupes au sol en Ukraine, une position que fustige l’ensemble des oppositions. A ce propos, la secrétaire nationale du parti Les Ecologistes, Marine Tondelier, a évoqué une «déclaration viriliste» et critiqué «un problème d’amateurisme». Avant la réunion, La France insoumise a déclaré que «le risque d’une escalade avec une puissance nucléaire surdotée rend illusoire toute solution militaire au présent conflit» en affirmant que «la recherche d’une solution diplomatique au conflit est le seul chemin réaliste».

Une «logique de guerre»

Manuel Bompard a indiqué être «arrivé avec de l’inquiétude sur la situation» et reparti «avec plus d’inquiétude encore», en décrivant un chef d’Etat qui a assumé de «soutenir l’Ukraine quoi qu’il en coûte». Après la réunion, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé, sur X, une «logique de guerre» qui selon lui «ne peut avoir d’autre sens que la destruction nucléaire du continent» et appelé à un «plan de paix». Jordan Bardella a pour sa part qualifié les propos d’Emmanuel Macron de «dangereux pour la paix du monde». Même si Les Républicains soutiennent l’accord bilatéral avec l’Ukraine, «j’ai redit le caractère irresponsable et dangereux de l’envoi de troupes au sol», a écrit Eric Ciotti, ajoutant qu’il serait «inacceptable d’instrumentaliser le conflit ukrainien à moins de 100 jours des élections européennes». Un avis partagé par le chef des socialistes, Olivier Faure, qui s’est dit contre «un conflit direct avec la Russie» et a regretté que le chef de l’Etat prépare «les élections européennes avec les habits d’un chef de guerre».

Pendant la réunion à l’Elysée, Manuel Bompard a également interpellé Macron sur la situation de Gaza, ce à quoi le chef de l‘Etat a répondu en excluant des sanctions contre le gouvernement israélien. Fabien Roussel a également voulu aborder la situation à Gaza, estimant que la «France doit reconnaître la Palestine, vite !»

Mis à jour à 18h30 avec la déclaration d’Emmanuel Macron et la réaction du Kremlin