Menu
Libération
Réseaux sociaux

Haine en ligne : le lexique cryptique des antisémites

Article réservé aux abonnés
IRL : Influence des Radicalités en Lignedossier
«Dragons célestes», «remplaceurs», «golems»… Sur les réseaux, la fachosphère invente de nouvelles expressions pour déverser sa haine des juifs sans les nommer, et ainsi espérer contourner la loi.
Le slogan antisémite «Qui ?» dans le XIVe arrondissement de Paris en avril. (Xose Bouzas/Hans Lucas.AFP)
publié le 23 février 2023 à 7h12

Parmi tous les détournements possibles de son œuvre, Eiichiro Oda n’avait sans doute pas imaginé celui-ci. Son manga One Piece, le plus vendu au monde, met aux prises le jeune héros Luffy et de puissants adversaires, fondateurs du «gouvernement mondial» et dotés de fabuleux privilèges, les «dragons célestes». Sur les réseaux sociaux, ces temps-ci, l’expression a trouvé un nouvel usage : celui de nom de code antisémite. A l’image d’une vidéo qui la prend pour titre : récemment postée sur le réseau social TikTok, elle a été vue plus de 650 000 fois et «likée» à près de 85 000 reprises. Sur un fond musical anxiogène, un jeune homme jette de furtifs coups d’œil de côté. Une phrase est mise en exergue tout au long de la séquence : «Il y a une communauté ici, si tu parles d’eux, tu te fais ban [exclure, ndlr] direct.» Dans les commentaires, les internautes ne s’y trompent pas et attaquent, sans la nommer, «cette communauté que vous connaissez bien» et qui «contrôle les médias» ou «les banques».

En novembre, la sociologue franco-israélienne Illana Weizman a été parmi les premières à relever l’usage de «dragons célestes» pour dire, discrètement, le pire sur les juifs. Sur les réseaux, bien d’autres périphrases plus ou moins neuves servent de code aux antisémites. Certaines sont de tristes clas