Elle voulait simplement que ses étudiants rencontrent les responsables d’une association d’aide aux exilés. Fin novembre, Sophie Djigo, enseignante en classe prépa dans un lycée de Valenciennes, a été la cible d’une campagne de harcèlement orchestrée par l’extrême droite. Et notamment par Eric Zemmour, qui, s’indignant sur Twitter contre «un professeur de philosophie [ayant] décid[é] d’enrôler ses élèves dans des activités pro-migrants à Calais», a désigné la cible et sonné l’hallali. Sur le réseau social, Sophie Djigo s’est vu promettre les pires violences sexuelles quand ce n’était pas «la guillotine». A tel point que le rectorat a décidé d’annuler la sortie scolaire pour des raisons de sécurité, le ministère de l’Education nationale disant sa crainte d’un passage à l’acte violent.
L’épisode a laissé chez l’enseignante des traces durables, dit-elle aujourd’hui à Libération. «Il y a eu d’abord le tweet du compte “Protégeons nos enfants” [collectif lié à Eric Zemmour, ndlr] puis le communiqué de presse de Reconquête qui donnait tous les éléments pour m’identifier. Et quelques minutes après, l’article de FdeSouche avec mon nom, mon prénom et ma photo», explique-t-elle rétrospectivement. La suite : une multitude de messages haineux en ligne. A