La France insoumise est prise dans une nouvelle polémique liée à la guerre Hamas-Israël : ses responsables souhaitent se rendre à l’hommage qui sera organisé mercredi 7 février pour les victimes françaises de l’attaque du Hamas contre Israël, mais certaines familles refusent la venue des membres du mouvement.
Le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, a souligné ce dimanche 4 février son «intention d’y participer». Il est «normal que la nation rende hommage à des victimes», a-t-il ajouté sur BFMTV, assurant «partager» la «peine» et le «chagrin» des familles, sans «volonté de mélanger un hommage national à un moment de politique».
Hommage aux victimes du Hamas: "Il n'est nullement dans nos intentions de transformer un moment d'hommage national dans un moment de politique", affirme Manuel Bompard (@mbompard) pic.twitter.com/Ot91ULzVX5
— BFMTV (@BFMTV) February 4, 2024
La cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, avait déjà fait savoir qu’elle se rendrait à la cérémonie, souhaitant que soit rendu hommage «à l’ensemble des victimes françaises de cette guerre au Proche-Orient», donc aussi aux Franco-Palestiniens tués à Gaza par l’armée israélienne.
Selon les autorités françaises, 42 citoyens français ou franco-israéliens ont été tués dans l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre.
L’hommage, présidé par Emmanuel Macron, sera rendu exactement quatre mois après l’assaut du mouvement islamiste palestinien, au monument pour les victimes du terrorisme sur l’esplanade des Invalides à Paris.
Analyse
Plusieurs familles du collectif No Silence ont demandé, dans un courrier adressé mardi dernier au chef de l’Etat, que la présence du mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon soit «interdite». «Entre indécence, absence de respect, relativisme et négationnisme, La France insoumise et ses porte-parole se sont illustrés par des propos gravissimes depuis le pogrom du 7 octobre», accusent-elles dans leur lettre. Le collectif de familles l’accuse aussi de «porter une très lourde responsabilité dans l’explosion de la judéophobie» dans le pays.
Manuel Bompard a défendu son mouvement ce dimanche, estimant que certains passages de leur courrier «paraissent attribuer à La France insoumise des positions qu’elle n’a jamais défendues».
LFI avait essuyé des critiques après les attaques, refusant notamment de qualifier le Hamas de groupe «terroriste» et préférant parler de «crimes de guerre».
«Signe de repentance»
La venue des responsables de la gauche radicale à cet hommage fait réagir à droite et au sein de la majorité. Olivier Marleix, le chef de file des députés Les Républicains, a dit sur Radio J comprendre l’«émotion» et le «malaise» des familles «tant La France insoumise a banalisé cette attaque terroriste». L’élu de droite estime toutefois que le mouvement peut y participer «en signe de repentance».
Au contraire de Xavier Bertrand. «Moralement, ils feraient bien de ne pas venir, par respect pour les victimes. […] Quelle honte», s’est indigné le président LR de la région Hauts-de-France, accusant, lui aussi, les représentants de LFI d’avoir «toujours, par leurs actes, favorisé la montée de l’antisémitisme en France».
Le 7 février, «nous ne devons parler que, et uniquement que, des victimes des attaques terroristes du Hamas. Ne nous laissons pas prendre ce moment», a commenté de son côté la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, sur LCI. «Est-ce que La France insoumise n’a que pour seule compétence l’indécence et l’insolence ? Oui, et encore oui. Ils passent leur temps à faire de la provocation sans solution et du buzz médiatique pour servir une seule chose : leur ego», a-t-elle fustigé.
A lire aussi
L’attaque du Hamas, d’une violence et d’une ampleur inédites dans l’histoire d’Israël, a entraîné la mort d’environ 1 140 personnes, en majorité des civils.
En réaction, Israël a déclenché une offensive aérienne et terrestre sur Gaza, qui a fait plus de 27 000 morts, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Dimanche, une délégation d’élus français essentiellement issus de la gauche, dont l’insoumis Eric Coquerel, s’est rendue au poste-frontière de Rafah entre l’Egypte et le territoire palestinien. La veille, ils avaient appelé à «un cessez-le-feu durable, permanent et immédiat» à Gaza.