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Réactions

«Honte», «fiasco», «capitulation» : en France, les oppositions fustigent l’accord sur les droits de douane américains

De LFI au Rassemblement national en passant par Dominique de Villepin, les critiques se sont multipliées ce lundi 28 juillet contre le deal entre Donald Trump et Ursula von der Leyen qui acte une surtaxe sur les exportations européennes aux Etats-Unis.
Dominique de Villepin le 15 septembre à la Fête de l'Huma, à Brétigny-sur-Orge (Essonne). (Bastien Ohier/Hans Lucas. AFP)
par Karl Pasquet
publié le 28 juillet 2025 à 20h56

Au lendemain de l’accord annoncé sur les droits de douane entre les Etats-Unis et l’Union européenne, les oppositions à Emmanuel Macron ont puisé dans le champ lexical militaire, parlant de «vassalisation» ou «reddition». A gauche, le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, déplore une «honte» quand son patron, Jean-Luc Mélenchon, parle des Etats-Unis, comme il le fait régulièrement, comme d’une force impériale : «Tout a été cédé à Trump avec le droit de changer les règles du jeu établies en soixante-quinze ans de relations bilatérales […]. Le choix de l’insoumission à l’Empire et le non-alignement sont la seule alternative disponible», a-t-il dénoncé sur son compte X.

Le président (LFI) de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, s’est, lui, alarmé d’une «catastrophe pour l’Europe» et en particulier pour la France «dont l’économie ne repose pas prioritairement sur le commerce extérieur». Autre réaction insoumise, celle du député européen Anthony Smith pour qui cet accord commercial est une «capitulation».

«Un Premier ministre ne se contente pas de pleurnicher sur X»

S’ils sont fâchés avec les insoumis, François Ruffin et le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, évoquent aussi leur «honte» après l’annonce de cet accord qu’ils jugent déséquilibré. «Droits de douane, énergie, diplomatie etc. L’Europe se couche devant les Etats-Unis», critique le premier. Pour le second, c’est la preuve que «les Européens privilégient leurs intérêts nationaux à toute logique européenne».

Au Premier ministre, François Bayrou, qui a qualifié dans la matinée de «jour sombre […] celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission», le socialiste a répondu vertement : «Il y a des tweets qui résonnent comme des aveux d’impuissance. Un Premier ministre de la France ne se contente pas de pleurnicher sur X. Il prend des positions, défend nos intérêts et organise la confrontation avec Ursula von der Leyen au sein de l’Union européenne.»

Trump «torpille l’Europe»

Toujours chez les socialistes, le député européen Pierre Jouvet a fustigé «un accord de vassalisation», comparant l’UE à un «pantin de Trump» et accusant Ursula von der Leyen d’avoir «sacrifié nos emplois, nos productions et l’environnement». Le député Benjamin Lucas (Génération·s) a estimé de son côté que «c’est la dignité des peuples européens qui est en cause» et réclame un vote du Parlement européen et de l’Assemblée nationale. Une volonté partagée par les communistes par l’intermédiaire du sénateur de Paris Fabien Gay. Son patron, Fabien Roussel, appelle carrément à soumettre cet accord au référendum, jugeant que Donald Trump «torpille l’Europe» et que «la Commission européenne dit oui».

Du côté de l’extrême droite, même tonalité. Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a dénoncé «la reddition commerciale de l’Europe, au détriment de nos exportateurs, agriculteurs et industriels» et appelé Emmanuel Macron et son gouvernement à «faire preuve d’un sursaut de fierté nationale, en s’y opposant fermement en l’état, au nom des intérêts français». Marine Le Pen a pointé un «fiasco politique, économique et moral» et regretté «une capitulation en rase campagne pour l’industrie française, et pour notre souveraineté énergétique et militaire».

Enfin, de son côté, Dominique de Villepin a vu en ce 27 juillet «le Jour de la déclaration de dépendance européenne» et dénoncé «un traité inégal», un «accord d’investissement à sens unique» et une «vente forcée de 750 milliards de dollars d’énergie». L’ancien Premier ministre qui ne cache plus son ambition présidentielle et a récemment fondé son parti, La France humaniste, alerte : «Il est illusoire de croire que Donald Trump arrêtera là ses revendications face à une Europe dont il méprise la souveraineté.»