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«Le carnaval est une fête que le peuple se donne à lui-même», écrivait Goethe. Dans les Ingénieurs du chaos (Ed. JC Lattès), Giuliano Da Empoli cite le philosophe allemand pour décrire notre écosystème médiatique fait de réseaux sociaux et de chaînes d’info en continu. Cet écosystème tout entier contenu dans nos smartphones, annexes de nos cerveaux de citoyens, est le siège de ce carnaval de l’info que le peuple se donne à lui-même. Les ingénieurs du chaos de Da Empoli sont les organisateurs et les promoteurs de cette stratégie qui consiste à rendre plus bruyant et visible, dans ce défilé carnavalesque incessant de l’actu, tout ce qui peut fracturer la société, transformer notre démocratie libérale, ces contre-pouvoirs, ces institutions de débats, en vaste pugilat. Ces ingénieurs sont les leaders populistes, au pouvoir ou pas, et les dirigeants des pays autoritaires (Russie, Iran…). Mais ils ont, au sein même de nos sociétés démocratiques, leurs contremaitres, ces relais conscients ou non de leur fonction, qui fabriquent la musique et les costumes du grotesque ca