Sur un mur de la halle de Chalonnes-sur-Loire, un souvenir de l’été dernier : une affiche du Nouveau Front populaire à moitié arrachée promet un smic à 1 600 euros. Le samedi, c’est jour de marché dans cette commune de 6 500 habitants, à une demi-heure d’Angers (Maine-et-Loire) et les législatives semblent dater de Mathusalem. «Il va falloir qu’ils arrêtent leur cinéma», balaie un sexagénaire, un cabas à la main. Comme lui, nombre de clients matinaux se renferment dès qu’on aborde la crise politique que connaît le pays. «Je ne fais pas de politique !» esquive un ancien, chapeau sur la tête.
Parmi les commerçants, on songe surtout aux fêtes de fin d’année. Derrière des légumes rangés avec soin, Valérie, 59 ans, témoigne : «Avec le climat général, la consommation, c’est pas ça…» Celle qui se définit «plutôt de droite» dit regretter le Premier ministre démissionnaire : «Je trouve qu’il était bien ce gars-là, posé.» Et puis vient le refrain à la mode ce matin sur le marché : celui d’une défiance généralisée envers le monde politique. «Les politiques défendent leurs propres intérêts, chacun veut arriver au pouvoir», dit-elle. A 73 ans, Régine vitupère : «On en a ras-le-bol ! Ils nous foutent dans la panade !» Elle attrape son ma