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Le billet de Thomas Legrand

Il y a cinquante ans, Giscard d’Estaing : la droite, c’était mieux avant ?

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Le premier président post-gaulliste gâchera par son style monarchien de vraies avancées politiques et sociétales. Mais ces dernières doivent aussi à une gauche qui, faute d’être au pouvoir, dominait le débat intellectuel.

Des supporteurs de Valéry Giscard d'Estaing après sa victoire à l'élection présidentielle du 19 mai 1974, sur les Champs-Elysées à Paris. (AFP)
ParThomas Legrand
Éditorialiste - Politique
Publié le 17/05/2024 à 15h55

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Cinquante ans après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing (le 19 mai 1974) on serait tenté d’affirmer : «La droite, c’était mieux avant.» En réalité, la droite c’est toujours mieux quand la gauche est puissante dans la société. Et en 1974, la gauche partidaire, syndicale, associative, artistique et intellectuelle est ultra-dominatrice. 1974 est vraiment une année spéciale, la fin d’une ère, le début d’une autre. Institutionnelle d’abord : en 1969, et ce n’était pas évident pour tout le monde, la Ve République a démontré qu’elle pouvait survivre au général de Gaulle ; en 1974, c’était encore moins évident, elle démontre qu’elle survit au gaullisme.

Surtout, c’est cette année-là que notre Constitution est entrée dans la modernité démocratique. Valéry Giscard d’Estaing, en bon libéral politique, est à l’initiative d’une réforme des institutions assez peu spectaculaire mais primordiale : en accordant le droit de saisine du Conseil constitutionnel à une minorité de parlementaires (60 députés ou sénateurs), il a consacré le premier des droits de l’opposition parlementaire et donné naissance en France à la justice constitutionnelle. Avant 1974, en pratique, seule la majorité pouvait saisir cette juridiction chargée d’apprécier la conformité des lois