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Libération
Guerre aux pauvres

Ile-de-France : Valérie Pécresse veut limiter les logements très sociaux pour «éviter l’islamisme»

Le présidente LR de la région francilienne a assumé ce mercredi 20 septembre que sa mesure «anti-ghetto», qui vise à freiner la production de logements sociaux en Ile-de-France, vise notamment à éviter «le communautarisme» et «l’islamisme».
Valérie Pécresse, alors candidate à l'élection présidentielle du parti LR lors d'un meeting de campagne au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 3 avril 2022. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 20 septembre 2023 à 20h16

Entre amalgame rance et violence sociale. La présidente LR de la région Île-de-France Valérie Pécresse (Les Républicains) a défendu lors d’une séance du conseil régional ce mercredi 20 septembre que «l’objectif» de son dispositif d’aménagement régional «anti-ghetto» - qui consiste à plafonner la construction de logements sociaux - était d’«éviter l’enfermement, éviter la ghettoïsation, éviter le communautarisme et éviter l’islamisme».

La présidente de région répondait à une question sur cette mesure - qualifiée de «clause honteuse» par un représentant de l’opposition communiste, Didier Mignot, en début de séance plénière. Dans la foulée, le groupe communiste a dénoncé dans un communiqué «un grave dérapage».

Une mesure serpent de mer

Ce plafond anti-ghetto, voulu par Valérie Pécresse depuis au moins 2016, a été adopté mi-juillet dans le plan d’aménagement régional et doit entrer en application en 2024. Il a pour «objectif de remettre de la mixité sociale dans les quartiers populaires», ainsi que «l’ascenseur social» et «de la réussite dans les établissements scolaires», a également justifié l’ancienne candidate à l’élection présidentielle 2022 - éliminée au premier tour avec 4,78 % des voix. Pour rappel, les communes d’Ile-de-France comptent au moins 30 % de logements sociaux, et cette mesure vise en priorité les communes particulièrement concernées.

La mesure fait partie du plan d’aménagement d’Île-de-France, le schéma directeur de la région (Sdrif), qui doit encadrer jusqu’en 2040 son développement et s’impose aux élus locaux dans leurs plans d’urbanisme. «Nous ne voulons plus de quartier déserté par les classes moyennes et nous ne voulons plus de ghetto», a revendiqué Valérie Pécresse affirmant faire «de la vraie mixité sociale partout en Île-de-France». Ce à quoi un élu de l’opposition de gauche a rétorqué «A Neuilly ?». La ville de l’ouest parisien, à la population très aisée, ne comptait que 6,8 % de logements sociaux en 2020.

Il y a huit jours, soixante élus d’Île-de-France ont signé avec la présidente du groupe Gauche communiste, écologiste et citoyenne Céline Malaisé deux lettres adressées au ministre délégué chargé du Logement Patrice Vergriete et au préfet de région Marc Guillaume pour faire annuler le plafond. Fin juin, l’avant-projet du Sdrif avait été retoqué par l’Etat, car il ne lui permet pas de mener à bien sa politique du logement.

L’application de la clause dite «anti-ghetto», qui «freine la production de logements sociaux» dans les zones déjà largement dotées, «conduirait à réduire de 21 % la production sociale moyenne» par rapport à ces dernières années, avait déploré la préfecture. «Sur le fond je trouve ça totalement inapproprié au regard de la situation en Île-de-France. Ce n’est certainement pas le moment de faire ça. Je pense que ça aura des conséquences lourdes», a déploré ce mercredi Patrice Vergriete.