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Immigration, sécurité et prison : Attal tout droit derrière Retailleau et Philippe

Tout en cherchant la distinction avec le ministre de l’Intérieur, l’ancien Premier ministre affirme une position dure sur le régalien, qu’il dispute au maire du Havre. Une course à l’échalote qui fait grincer des dents jusqu’au Modem.
Gabriel Attal à l'Assemblée en avril 2025. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 25 mai 2025 à 8h33

Se distinguer sans finalement trop se démarquer. C’est l’exercice auquel s’est prêté le patron de Renaissance Gabriel Attal samedi dans le Parisien en tachant d’imprimer une différence avec le LR Bruno Retailleau tout en lui disputant la politesse sur les questions régaliennes.

Distinction et concurrence

D’abord, la distinction vis-à-vis de LR, partenaire du bloc central dont Bruno Retailleau vient de prendre la tête. «LR n’est plus un parti pro-européen. Nous voulons faire progresser les droits des Françaises et des Français, là où avec Bruno Retailleau, LR a choisi la ligne qui s’oppose à la constitutionnalisation de l’IVG, vote contre l’interdiction des thérapies de conversion pour les homosexuels et rejette toute évolution sur la fin de vie», a-t-il égrené. «Nous n’accepterons jamais la stigmatisation d’une partie des Français pour leur religion comme la phrase à bas le voile” (prononcée par le ministre de l’Intérieur lors d’un meeting «contre l’islamisme» fin mars) le laisse craindre», a-t-il ajouté.

L’ancien Premier ministre n’est pourtant pas en reste sur le sujet, lui qui a proposé cette semaine l’interdiction du port du voile pour les mineures, à la veille de la publication d’un rapport sur l’«entrisme» des frères musulmans dans la société française.

Ensuite, la mise en concurrence avec celui dont il dénonce les excès en alignant les propositions sur le régalien. A la veille d’une conférence de presse de Renaissance consacrée au sujet, le député a dévoilé de nouvelles propositions. Sur le volet répressif, la systématisation des polices municipales dans les villes de plus de 10 000 habitants et la pérennisation de la vidéosurveillance, associée à des algorithmes de détections. Sur le volet judiciaire, un soutien à la proposition controversée du garde des Sceaux Gérald Darmanin d’une prison de haute sécurité en Guyane et une défense du juge d’application des peines.

Une dernière mesure qu’envisage aussi Edouard Philippe, patron d’Horizons, et candidat à la prochaine présidentielle. «Il me semble qu’Edouard Philippe n’a pas émis de proposition mais un questionnement […] nous émettons des propositions», se distingue encore Gabriel Attal, qui propose en outre que des «quotas» sur l’immigration soient votés au Parlement, assortis d’un «système [...] à points».

«Surenchère»

Autant de points qui tranchent avec l’approche sécuritaire du parti macroniste jusque-là, estime Gabriel Attal. «La délinquance et les trafics continuent d’empoisonner la vie de nos concitoyens. Les Français n’ont pas confiance en notre justice et notre immigration n’est pas pilotée. Je reconnais que notre parti ne s’était jamais emparé de ces questions-là. Je le fais désormais sans aucune ambiguïté», a-t-il déclaré.

L’ancien ministre de l’Education a également proposé «la mise en place d’un un barème national de sanctions» pour soutenir «l’autorité» à l’école, et préconisé deux rendez-vous chez un professionnel de la santé mentale avant 18 ans (avant le collège et au lycée).

Une série de propositions qui font grincer les dents dans le bloc central. Interrogé par la Tribune dimanche, Marc Fesneau a ainsi déploré «une surenchère croissante» dans les propositions des deux anciens Premiers ministres. «Dans le bloc central, on en vient à porter les discours, les thèses, les propositions de la droite, voire de l’extrême droite. Mais ce n’est pas ça, le centre ! Ce n’est pas ça l’aventure que nous avons voulu construire avec Emmanuel Macron en 2017», s’est agacé le patron des députés Modem.

«Les intérêts personnels en vue de 2027 invitent à l’excès. Ne l’oublions pas : les Français préfèrent toujours les originaux à la copie», avertit le numéro 2 du Modem. «A la fin on donne le point d’une part au RN, qui peut dire “vous voyez bien que j’avais raison”, et d’autre part à LFI, qui peut dire “vous voyez bien qu’ils sont à l’extrême droite”».